Des deux côtés de la frontière, le commerce extérieur et plus particulièrement les exportations ont diminué, reflétant le ralentissement de l'économie mondiale au printemps.

Au Canada, la valeur des ventes à l'étranger a reculé de 1,7%, tandis que le volume des expéditions a diminué davantage. Les importations ont quant à elles peu varié. Au final, le déficit commercial s'est creusé à 1,56 milliard de dollars, indique Statistique Canada. L'agence fédérale a de plus révisé le déficit de mai, qui passe de 814 millions à 1,04 milliard. En 2011, le Canada a enregistré un déficit commercial cinq mois sur six.

En juin, des baisses de plus de 5% ont été observées dans les produits de l'énergie et de l'automobile. Les premières sont dues à la fois à des interruptions de production causées par des incendies de forêt et par une demande anémique aux États-Unis. Les secondes résultent en partie de la rupture des approvisionnements en provenance du Japon.

De façon plus générale, les exportateurs canadiens ont aussi souffert du ralentissement de l'économie américaine et de la force de notre monnaie. «La faiblesse des exportations s'explique essentiellement par le recul de 2,4% des livraisons vers les États-Unis, constate Peter Buchanan, économiste chez CIBC. Cela souligne la vulnérabilité potentielle du Canada à un ralentissement de la croissance dans ce marché critique.»

La valeur des expéditions de produits forestiers, de biens industriels (des métaux autres que le nickel) et de machines et équipement a néanmoins légèrement augmenté.

Importations

Du côté des importations, le léger recul est surtout attribuable à la plongée des achats de produits énergétiques.

«Le fléchissement des prix des biens de base a diminué la valeur des exportations, tandis que la faiblesse du secteur manufacturier américain a réduit les volumes de biens industriels expédiés», résume Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins.

Sur une base trimestrielle, la détérioration du commerce extérieur aura sévèrement entravé la croissance canadienne, qui paraît mue uniquement pas les investissements des entreprises. «Elles profitent à fond de la force de la devise pour investir afin de s'attaquer à leurs problèmes chroniques de productivité», juge Krishen Rangasamy, économiste à la Banque Nationale.

Commerce intérieur

Il reste que le commerce extérieur aura amputé l'équivalent de quatre à cinq points de pourcentage à la croissance annualisée au deuxième trimestre, calcule Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. «Il semble maintenant que le Canada ait peiné pour générer la moindre croissance au deuxième trimestre. Nous l'estimons à un maigre 0,1%.»

Selon les premières estimations, le produit intérieur brut aurait augmenté de 1,3% aux États-Unis, chiffre qui sera cependant révisé à la baisse compte tenu de l'aggravation du déficit commercial en juin. Il a atteint 53,1 milliards, son niveau le plus bas depuis octobre 2008. La valeur des exportations a subi sa baisse la plus grave depuis janvier 2009, au plus fort de la récession, malgré la faiblesse du billet vert.

«Exprimées en volumes, les exportations de marchandises ont été les plus faibles depuis la fin de la récession, observe Alistair Bentley, économiste chez TD.

«Cela reflète en partie les ruptures d'approvisionnement du Japon, mais c'est aussi un signal décourageant d'un secteur qui était jusque-là une source de vigueur économique.»

Le déficit s'est aggravé en dépit d'un repli du prix du pétrole à 106$US le baril en juin, alors que son prix moyen était de 108,70$US en mai. Mince consolation, son recul s'est accéléré depuis, ce qui est susceptible de stimuler la consommation des ménages.