Le gouvernement du Québec doit rester prudent et garder le cap sur le déficit zéro s'il ne veut pas subir le même sort que les pays au coeur de la tempête.

C'est ce que croient la plupart des économistes consultés par La Presse. «Je ne pense pas qu'on se dirige vers une situation comme celle de l'Italie ou de l'Espagne. On a pris des moyens lors des deux derniers budgets pour ne pas s'enliser. Mais il n'y a pas de folies à faire», dit Claude Montmarquette, économiste associé au CIRANO.

Le gouvernement du Québec prévoit atteindre l'équilibre budgétaire au cours de l'exercice 2013-2014. Le déficit, de moins de 4 milliards de dollars cette année, reculera à 1,5 milliard l'an prochain et atteindrait le chiffre magique de zéro au cours de l'exercice qui se termine le 31 mars 2014.

«La dette du Québec est élevée. En revanche, le gouvernement a un plan sérieux et il est sur le point d'atteindre ses objectifs. Jusqu'à récemment, les pays européens n'avaient pas un plan aussi crédible», dit l'économiste en chef du Conference Board, Glen Hodgson.

Évidemment, le Québec est une province, et non un État souverain. Son statut de province d'un pays en bonne santé financière lui est favorable. «Le Québec bénéficierait d'un appui fédéral advenant des difficultés. Je ne pense pas du tout qu'il puisse arriver la même chose au Québec qu'en Europe», dit Benoit Durocher, économiste au Mouvement Desjardins.

Même son de cloche de Marc Van Audenrode, professeur à l'Université de Sherbrooke: «Je suis convaincu que le gouvernement fédéral canadien ne laissera pas une province faire défaut de payer sa dette. La Grèce ne bénéficie pas d'un tel système.»

Hydro-Québec

Le gestionnaire de fonds Denis Durand, de Jarislowsky Fraser, rappelle que le Québec dispose d'un atout de taille: Hydro-Québec. Faut-il le rappeler, la société, détenue à 100% par le gouvernement du Québec, est l'un des plus importants producteurs d'hydro-électricité du monde.

Or, si Hydro-Québec était mise en vente, le Québec pourrait en tirer entre 50 et 130 milliards de dollars, selon différentes analyses. Autrement dit, ce joyau permet de réduire considérablement l'endettement réel du Québec, qui se chiffrait à 173,4 milliards de dollars au 31 mars 2011.

Marc Van Audenrode fait valoir que l'Europe a un problème de croissance économique plutôt qu'un problème de dette: «En 2007, la situation de l'Espagne était comparable à celle du Canada. C'est l'ampleur de la récession là-bas qui a créé un problème de rentrées de fonds et de déficits pour les gouvernements. Le Canada connaîtrait la même situation avec une récession d'une telle ampleur.»

Jean-Pierre Aubry, économiste associé au CIRANO, ne croit tout de même pas que le Québec soit à l'abri d'une crise: «Surtout avec nos problèmes d'infrastructures et le vieillissement de la population, qui vont nous obliger à dépenser. La crise en Europe nous envoie un message: on ne peut pas indéfiniment augmenter notre dette sans souci. Il faut une gestion prudente parce que la situation peut virer de bord rapidement.»