Les entreprises américaines connaîtront la plus faible progression de leurs bénéfices depuis la fin de la récession tandis que des entreprises, comme Ford Motor et McDonald's, sont aux prises avec une hausse des prix du pétrole et des produits de base. Par ailleurs, la baisse de la confiance des consommateurs pourrait continuer à avoir un impact sur leurs dépenses cette année.

Les bénéfices par action de toutes les sociétés qui forment l'indice Standard & Poor's 500 ont augmenté de 13% au deuxième trimestre, d'après des estimations d'analystes compilées par Bloomberg. Les profits avaient progressé de 18% au cours du premier trimestre après avoir bondi de 37% en 2010.

La «saison» des profits débute aujourd'hui avec Alcoa, qui doit annoncer ses résultats du deuxième trimestre après la fermeture des Bourses.

«Nous n'allons pas observer la hausse spectaculaire que l'on a connue lors de certains trimestres», prévoit John Carey, qui participe à la gestion d'actifs de 260 milliards US chez Pioneer Investment Management, à Boston. «Les dépenses de consommation ont subi un petit choc à cause des prix pétroliers plus élevés, ajoute-t-il, et nous avons aussi constaté une baisse de la confiance des consommateurs, ce qui pourrait avoir un impact sur les résultats.»

Si la hausse des prix du pétrole a vraisemblablement gonflé les bénéfices d'Exxon Mobil et de Chevron à leurs plus hauts niveaux en près de trois ans, elle s'est aussi traduite par des coûts plus élevés pour les détaillants tels que Wal-Mart, les sociétés aériennes et les constructeurs d'autos à l'échelle planétaire.

Les signes d'un ralentissement s'accumulent aussi hors des États-Unis. Les bénéfices des sociétés qui forment l'indice Stoxx 600 Europe pourraient grimper de 21% cette année après avoir bondi de 63% en 2010, d'après des données de Bloomberg. Un ralentissement dans le secteur de la construction et des dépenses de consommation plus faibles ont nuit aux ventes de Royal Philips Electronics, d'Amsterdam, premier fabricant mondial d'ampoules, et les consommateurs britanniques aux prises avec des réductions de dépenses du gouvernement limitent leurs achats.

Attentes trop élevées

Mais certains des facteurs qui ont contribué au ralentissement au dernier trimestre se sont atténués, y compris les répercussions du séisme et du tsunami du 11 mars dernier au Japon, qui ont vraisemblablement entraîné des pertes chez Sony et Toyota. Les prix de l'essence ont quelque peu diminué et les coûts du carburant au détail aux États-Unis ont baissé de 10% ce mercredi par rapport à 3,99$US le gallon en mai dernier, un sommet depuis juillet 2008.

La progression des bénéfices des entreprises formant l'indice Standard & Poor's 500 au deuxième trimestre a été la plus faible depuis le troisième trimestre de 2009, indiquent des données de Bloomberg. Selon ces mêmes données, les profits sont susceptibles d'augmenter de 19% cette année et de 14% l'an prochain.

Mais les attentes pourraient être encore trop élevées aux États-Unis dans un contexte où l'économie ralentit, estime Jack Ablin, chef des placements de Harris Private Bank, de Chicago, qui gère des actifs de 60 milliards US.

«Ma plus grande crainte est que les sociétés continuent de s'attendre à une plus grande progression des marges de profit pendant le reste de l'année, indique M. Ablin. À mon avis, la route sera rude pour les marges de profit à partir de maintenant et jusqu'à la fin de l'année.

On prévoit que Ford subira une baisse de 19% de ses bénéfices, à 2,15 milliards US, en excluant certains éléments, en raison d'une baisse de 8,5% des ventes à 32,1 milliards US, selon des estimations d'analystes compilées par Bloomberg.