Technologies D-Box (V.DBO.A) installera 250 de ses sièges motorisés MFX dans 10 salles de cinéma du groupe canadien Cineplex Divertissement (T.CGX.UN), d'ici un an. L'annonce de ce contrat hier par l'entreprise longueuilloise a été bien accueillie par les analystes, qui estiment D-Box bien positionnée pour s'attaquer au lucratif marché américain du cinéma en salle.

Cineplex exploite le cinquième réseau de salles de cinéma sur le continent, avec 70% des parts du marché canadien. Il a d'abord essayé la technologie de D-Box pendant un an dans une salle de Toronto.

En suivi de l'annonce d'hier, Cineplex pourrait doubler la mise en équipant 10 salles de plus d'ici 2012. Les sièges MFX seraient présents dans plus d'une soixantaine de salles en Amérique du Nord. Au Québec, les cinémas Banque Scotia, de Montréal, et Cineplex Odeon Beauport, à Québec, seront les deux premiers à offrir la technologie D-Box à partir de la mi-novembre.

L'entente avec Cineplex est un jalon majeur pour D-Box, qui anticipe un effet boule de neige.

«Cette entente devrait nous permettre d'en conclure d'autres à court terme et d'établir notre nom dans le marché», croit son président, Claude McMaster.

L'entrepreneur lorgne des géants américains tels Regal, AMC, Cinemark et Carmike, et leurs quelque 15 000 salles équipées de projecteurs numériques.

Steve Li, analyste chez Valeurs mobilières Industrielle Alliance, est très optimiste. «D-Box a prouvé que sa technologie fonctionne: les studios produisent au moins un film par mois et les cinéphiles en redemandent. L'annonce de Cineplex attirera sans doute l'attention des grands exploitants américains.»

Ça pourrait aller vite pour D-Box, ajoute Sameet Kanade, de Northern Securities. Le mois prochain, les sièges MFX seront mis en valeur par deux des superproductions hollywoodiennes les plus attendues des Fêtes. Les studios Disney et Warner Bros. présenteront respectivement Tron Legacy et Harry Potter et les Reliques de la mort en version D-Box, dans les salles où ces sièges sont présents.

«Si la réception du public est positive, le potentiel de D-Box pourrait rappeler celui de Research in Motion, à ses premières années», dit l'analyste torontois.

Il recommande d'ailleurs l'action de D-Box, avec un cours cible de 1,25$ sur un an. Hier, l'action de D-Box a clôturé en hausse de 6%, à 53 cents, à la Bourse de croissance de Toronto. Son sommet de 84 cents demeure inégalé depuis 2007.

Des revenus en plus pour les salles

En plus d'une technologie unique, le modèle d'affaires inusité de D-Box est un autre facteur qui la distingue. Ses sièges MFX avec simulateur de mouvements sont installés au coeur de la salle de cinéma sous forme d'une zone VIP exclusive.

Les cinéphiles qui désirent s'y asseoir paient leur billet 8$ plus cher qu'un billet normal. D-Box touche un peu moins de la moitié de cette somme, le reste allant au tenancier de la salle.

Malgré cette surprime, le taux d'occupation moyen des sièges MFX de D-Box est sensiblement supérieur au taux moyen des salles où ils se trouvent. Ils dégagent ainsi des revenus additionnels qui rentabilisent rapidement leur installation: l'affaire d'un an environ.

Une fois le coût de l'installation absorbé, l'entreprise continue d'engranger des revenus provenant de la vente de billets.

«Nous possédons des ententes avec tous les studios américains. On doit maintenant convaincre les gestionnaires de salles que nos sièges leur permettent de générer plus de revenus», explique Claude McMaster.

Ce modèle est apprécié des exploitants, puisqu'il est similaire à celui mis de l'avant par les cinémas Imax, ainsi que par RealD, plus important fournisseur de la technologie 3D en salle aux États-Unis. C'est aussi un atout à plus long terme pour D-Box, affirme Puneet Malhotra, analyste pour Dundee Securities.

«C'est un avantage financier à long terme: les revenus continuent d'entrer une fois les dépenses d'installation terminées. Ça accélère la croissance de l'entreprise», dit l'analyste torontois. Grâce à ce modèle, il conclut que D-Box atteindra vraisemblablement le seuil de rentabilité dès sa prochaine année financière, soit entre 2011 et 2012. Il prédit un cours cible de l'action à 1,10$ pour cette période.