Si la croissance a sérieusement ralenti cet été, elle n'était pas en panne sèche pour autant, comme en fait foi le comportement des consommateurs au mois d'août.

Après avoir diminué durant quatre mois d'affilée, la valeur des ventes des détaillants a rebondi de 0,5%, de juillet à août. Exprimées en volumes, la croissance reste appréciable à hauteur de 0,3%, selon les données de Statistique Canada.

L'agence fédérale a aussi révisé à la hausse les ventes de juillet dont la valeur est désormais légèrement positive alors que les volumes se sont maintenus, malgré l'introduction de la taxe de vente harmonisée en Ontario et en Colombie-Britannique et son augmentation en Nouvelle-Écosse.

En août, six des 11 sous-secteurs du commerce de détail ont connu des hausses. Les stations services viennent en tête avec 2,1%, suivis des marchands de meubles et d'accessoires de maison (2,1), des magasins d'alimentation (0,8%) alors que les magasins d'appareils ménagers et électroniques ont aussi connu un bon mois. «L'arrivée du iPhone4 semble bien avoir donné un petit coup de pouce», suggère Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Ces résultats ont surpris les économistes qui misaient sur un chiffre plus bas. Une autre enquête de l'agence fédérale avait révélé que le volume des ventes des concessionnaires automobiles avait reculé au cours du mois.

«La hausse des ventes au détail observée en août est rassurante, juge Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Les résultats du commerce de détail avaient été particulièrement décevants au cours des quatre mois précédents, avec une réduction cumulative de 2,6%.»

La stagnation des volumes en juillet et le gain de 0,3% d'août signifient que les ventes au détail devraient apporter une contribution significative au troisième trimestre, alors qu'elles avaient représenté un frein durant le deuxième, fait remarquer Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Les volumes sont plus élevés qu'avant la récession, ce qui n'est plus le cas de leur valeur, compte tenu des reculs accumulés avant août, calcule-t-il.

La surprise du côté des ventes des détaillants s'ajoute à celle des livraisons manufacturières, des exportations et du chiffre d'affaires des grossistes. Cela augure bien pour les données sur le produit intérieur brut publiées vendredi prochain, même si on ne sait rien de précis sur l'activité dans les mines, la génération d'électricité et les autres segments des services comme le secteur financier. «On s'attend à une croissance de 0,3% en août, ce qui serait le meilleur résultat en quatre mois», précise Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

Cela paraît sur la bonne voie pour une croissance annualisée aux environs de 1,5% au troisième trimestre. Cela est conforme au nouveau scénario de la Banque du Canada publié mercredi.

L'autorité monétaire a aussi misé dans le mille au chapitre de la marche des prix. L'Indice des prix à la consommation progressait au rythme annuel de 1,9% en septembre, contre 1,7% en août. L'IPC de référence (IPCX) de la Banque, qui exclut huit composantes les plus volatiles comme les fruits et légumes frais ou l'essence et le gaz naturel afin de mieux cerner l'inflation tendancielle, a quant à lui reculé d'un dixième à 1,5%. «Pendant les cinq derniers mois, l'inflation de base n'a pas gagné plus de 0,1% sur une base mensuelle», soulignent Yanick Desnoyers et Matthieu Arseneau, de la Banque Nationale.

Sur une base désaisonnalisée, l'ensemble des prix a progressé de 0,3% d'août à septembre, mais de 0,1% seulement, si on exclut les huit éléments les plus volatiles.

S'il y a divergence entre les tendances de l'IPC et de l'IPCX au cours des trois derniers mois, c'est que la poussée des prix est concentrée dans les éléments volatiles, les aliments et l'essence surtout qui représentent néanmoins le quart du poids du panier de provisions. Seul le prix des véhicules neufs alimente significativement l'IPCX. Sur une base annuelle, le logement était stable en septembre alors qu'il grimpait de 20%, il y a 10 mois.

«Au cours des prochains mois, le marché de l'habitation va contribuer à la désinflation de manière significative, prédit Diana Petramala, économiste chez Banque TD. Nous nous attendons à ce que l'IPCX continue de modérer jusqu'à 1,3% durant l'hiver. Cela devrait garder la Banque du Canada confortablement en pause jusqu'au printemps.»