L'économie québécoise se porte mieux, comme en témoigne la baisse marquée du déficit le printemps dernier. Une surprise pour le gouvernement. À l'échelle canadienne, toutefois, l'OCDE s'est inquiétée hier de la hausse marquée des dépenses de santé.

Le Québec continue de bien faire sur le plan économique et les Québécois commencent à en récolter les fruits. Le déficit du Québec a ainsi fondu de 780 millions de dollars au cours du trimestre printanier, alors que le gouvernement s'attendait à le voir augmenter.

Cet écart favorable pour le trimestre d'avril à juin est tiré du dernier rapport mensuel des opérations financières, publié vendredi. Il s'agit du premier trimestre pour le gouvernement, dont l'exercice financier débute le 1er avril. Ce trimestre s'écrit généralement à l'encre rouge, notamment en raison des chèques de remboursement d'impôts.

L'an dernier, le Québec avait ainsi accusé un déficit de 2,04 milliards de dollars au cours du trimestre printanier. Cette année, ce chiffre est passé à 1,26 milliard, soit 780 millions de moins.

«Ce sont de bonnes nouvelles pour les contribuables, mais c'est normal. Les entrées fiscales vont de pair avec la croissance économique», explique le professeur en économie Maurice Marchon, de HEC Montréal.

De fait, les revenus ont progressé de façon impressionnante durant le trimestre. Ils ont atteint 16,5 milliards de dollars, soit 953 millions de plus qu'au trimestre correspondant de 2009.

L'économie a créé des emplois, incité les consommateurs à dépenser davantage et amélioré les profits des entreprises. Cette amélioration s'est fait sentir sur les taxes à la consommation perçues par le gouvernement, en hausse de 9,9% durant le trimestre ou de 336 millions. Les impôts des particuliers sont également en hausse ("7,3% ou 329 millions), comme les impôts des entreprises ("16,6% ou 140 millions).

Pendant ce temps, le gouvernement a réussi à contrôler ses dépenses de programme, avec une hausse de seulement 2% durant le trimestre. Dans son budget de mars, le gouvernement a prévu une hausse de 2,9% pour l'ensemble de l'année, un chiffre jugé trop faible par bien des observateurs.

Coup de chance, les taux d'intérêt grimpent moins vite qu'attendu, ce qui a permis au gouvernement de voir son service de la dette (intérêts et capital) croître de 7,4% plutôt que la prévision annuelle de 13,4%.

Luc Monty, sous-ministre adjoint responsable de la politique budgétaire, est satisfait des chiffres, mais fait une mise en garde. «L'économie a ralenti au deuxième trimestre, bien que les chiffres sur l'emploi demeurent bons. Il faudra voir les répercussions sur nos revenus», a-t-il dit.

Il n'est pas sûr, donc, que l'écart de déficit de 780 millions qui s'est creusé ce printemps se maintiendra toute l'année, explique-t-il. D'autant que les chiffres du printemps 2010 se comparent à ceux du printemps 2009, moment où l'économie était à un creux.

Maurice Marchon est plutôt optimiste. Entre avril et juin 2010, l'économie canadienne a progressé de 2,9% par rapport au trimestre de janvier à avril (rythme nominal annualisé). Or, il prévoit maintenant une croissance nominale de 4 à 5% pour les deux trimestres suivants. «La croissance peut se poursuivre, mais ça dépend des États-Unis», dit-il.

Quoi qu'il en soit, la situation budgétaire du Québec est en meilleure posture que prévu. Le phénomène se reflète d'ailleurs dans les résultats de l'année 2009-2010, qui s'est terminée le 31 mars.

Le ministère des Finances a soumis ses chiffres au Vérificateur général pour révision, mais tout indique que le déficit annuel a été de 3,5 milliards de dollars pour 2009-2010 plutôt que les 4,3 milliards prévus. Ce déficit annuel moindre de 800 millions de dollars permet au gouvernement de moins augmenter sa dette. Ce faisant, les paiements d'intérêts sur la dette sont également réduits.

Pour l'année financière en cours, qui se termine le 31 mars 2011, Québec a prévu un déficit de 4,5 milliards.

DÉFICIT DU QUÉBEC

1,26 milliard: Printemps 2010

2,04 milliard: Printemps 2009

Écart: 780 millions

HAUSSE DES REVENUS DU TRIMESTRE (2010 par rapport à 2009)

"7,3% Impôt des particuliers

"16,1% Impôt des sociétés

"9,9% Taxes à la consommation

HAUSSES DES DÉPENSES DU TRIMESTRE (2010 par rapport à 2009)

"1,7% Santé et services sociaux

"2,7% Éducation et culture

"2,0% Total des dépenses de programme

"7,1% Service de la dette