Après des semaines de discussions infructueuses, le groupe pharmaceutique français Sanofi-Aventis s'est résolu dimanche à lancer une offre hostile sur la société américaine de biotechnologies Genzyme, pour laquelle il propose 18,5 milliards de dollars.

Sanofi offre 69 dollars (54 euros) par action aux actionnaires de Genzyme, un laboratoire de biotechnologies spécialisé dans le traitement des maladies orphelines, et propose de payer exclusivement en numéraire.

Le groupe a décidé de s'adresser directement aux actionnaires, en rendant publics les termes de son offre, après le refus «persistant» de la direction de Genzyme d'engager toute discussion avec lui, a expliqué le directeur général, Chris Viehbacher, lors d'une conférence téléphonique.

Pour ce dernier, l'offre soumise par Sanofi est «solide», et il n'a pas l'intention de faire «une offre plus élevée à ce stade», pour rallier la direction.

A 69 euros l'action, le groupe français offre une prime «très significative» aux actionnaires de Genzyme, a-t-il plaidé: le prix offert représente une prime de 38% par rapport au cours de clôture de 49,86 dollars de l'action Genzyme du 1er juillet, juste avant les premières rumeurs d'acquisition.

Cela faisait plusieurs mois que la firme française tentait d'engager des discussions avec la biotech, dont le siège est à Boston. Le 29 juillet, elle a adressé à son PDG, Henri Termeer, une «proposition écrite détaillée» à laquelle ce dernier a opposé une fin de non-recevoir le 11 août, sans même «en discuter le contenu».

Pourtant, Genzyme aurait intérêt à ce rapprochement, selon M. Viehbacher. «Genzyme sous-performe par rapport à ses pairs depuis plusieurs années» et «demeure confrontée à un certain nombre de défis bien identifiés» qui mettront trois à quatre années à être résolus, écrit le dirigeant, dans une lettre adressé au PDG de Genzyme datée de dimanche.

En 2009, le groupe a été sérieusement ébranlé par des problèmes de contamination dans l'une de ses usines américaines, qui ont entraîné des ruptures de production d'un de ses principaux médicaments.

En outre, «Sanofi mobiliserait toutes ses ressources pour soutenir Genzyme dans ses investissements liés au développement de nouveaux traitements, dans le renforcement de sa présence dans les marchés existants et pour soutenir son expansion dans les marchés émergents», poursuit M. Viehbacher.

Sanofi assure que l'opération est «intégralement financée» et qu'à son issue, le laboratoire français conservera une «structure financière solide».

D'un point de vue stratégique, l'opération répond à la volonté du laboratoire de se diversifier pour contrer la menace des génériques qui pèse de plus en plus sur ses ventes du laboratoire.

Depuis son arrivée fin 2008, Chris Viehbacher a entraîné la firme, longtemps repliée sur sa recherche interne, dans une politique de diversification tous azimuts. En 2009, cela s'est traduit par 33 acquisitions ou partenariats.

Mais le rachat de Genzyme marquerait de loin la plus importante opération de croissance externe pour le groupe depuis la fusion géante de Sanofi-Synthélabo et d'Aventis en 2004.

Créé en 1981, Genzyme, avec 12.000 salariés et un chiffre d'affaires annuel de 4,5 milliards de dollars, est spécialisée dans les traitements des maladies génétiques rares et a aussi développé des traitements pour les maladies rénales ou certains cancers.