Il y a du pour et du contre à ce que la dette d'un pays soit détenue par des non-résidants. Côté pour, c'est un moyen pour stimuler la croissance par effet de levier.

Côté contre, c'est se mettre à la merci de créanciers ou d'agences de notation qui peuvent malmener l'économie. C'est le cas de la Grèce dont la qualité de la dette souveraine a été abaissée hier au niveau d'obligations de pacotille par Moody's qui imite ainsi sa rivale Standard & Poor's.

«Le Canada se démarque de la plupart de ses pairs au chapitre de la dette extérieure», ont fait remarquer Derek Holt et Gorica Djeric de Scotia Capitaux, dans le cadre d'une toute récente étude.

Les auteurs ont épluché les données de la Banque mondiale et retenu plusieurs critères avant d'en arriver à cette heureuse conclusion.

Ils ont d'abord mesuré la dette extérieure (souveraine et corporative) totale en proportion du produit intérieur brut (PIB). Ce sont l'Irlande (environ 1000%) et le Royaume-Uni (plus de 400%) qui font la plus piètre figure à ce chapitre, à cause de l'énorme proportion de dette de leurs banques et de leurs sociétés détenue par les étrangers. Le Canada est en bonne posture à hauteur d'environ 70%.

L'Irlande fait bien meilleure figure quand on mesure sa dette souveraine extérieure en fonction de son PIB: à peine 50%, soit moins que la Grèce (près de 100%), le Portugal, l'Italie, la Belgique et la France. Celle du Canada s'élève à peine à 15%.

Réserves étrangères

Le Canada se tire bien d'affaire aussi parce qu'il détient des réserves étrangères qui équivalent à environ 5% de son PIB. «Les réserves étrangères donnent un aperçu du coussin que détient un pays pour absorber un choc sur sa dette extérieure», précisent les auteurs. Les États-Unis entre autres pays en détiennent moins de 1%, la Grèce, moins de 0,1%.

Les auteurs ont aussi examiné dans quelle mesure la dette extérieure d'un pays est détenue par des banques étrangères. Plus c'est le cas, et plus la dette est sujette à créer un risque systémique, advenant une crise de confiance des marchés dans l'économie.

Près de la totalité de la dette extérieure indienne est détenue par des banques. Dans le cas du Canada, c'est moins de 5%. Sa dette est plutôt dans les mains d'investisseurs institutionnels.

Compte tenu de l'orgie d'émissions de nouvelle dette émise par les États pour relancer leurs économies, les auteurs ont jumelé les besoins d'emprunts des pays à la proportion de leur dette qu'ils devront reconduire d'ici l'an prochain et qui alourdit leurs besoins d'emprunt. Pour la Belgique et l'Italie, cela correspond à 25% du PIB, pour la France, 15%, pour le Canada, moins de 10%.

«Tout ceci renforce notre recommandation de surpondérer le Canada dans un portefeuille global, car c'est relativement un bon refuge», concluent les économistes.