Au lieu de se remettre d'aplomb, le marché des jeux vidéo risque-t-il de retomber en récession?

C'est du moins l'appréhension des analystes et de certains intervenants de cette industrie à la lumière des plus récentes données de vente de logiciels de jeux aux États-Unis.

En fait, à moins de 400 millions US, les ventes recensées en avril ont marqué une baisse inattendue de 22% par rapport au même mois un an plus tôt.

En incluant les ventes de consoles de jeux, le déclin des ventes totales de l'industrie aurait atteint 26% sur un an, selon les données recueillies par la firme spécialisée NPD, très suivies sur le marché américain.

Par ailleurs, le recul des ventes de logiciels de jeux en avril s'avère encore plus marqué lorsque comparé au mois de mars précédent. Il atteint alors 54%, du jamais vu de l'avis d'analystes expérimentés.

«C'est la pire baisse en un mois que j'ai vue en 11 ans de couverture de ce marché. Et s'ils se confirment, de tels chiffres de rechute risquent de renforcer l'opinion des investisseurs boursiers selon laquelle l'industrie des jeux vidéo est en phase de déclin de ses revenus», indique Michael Pachter, analyste en divertissements numériques chez Wedbush Securities, à Los Angeles.

«L'ampleur du ressac des ventes en avril nous a pris de court. D'autant que cette forte baisse, sur une base annualisée, s'ajoute à celle déjà considérable qui avait été subie un an plus tôt, en avril 2009», souligne pour sa part Edward S Williams, analyste en divertissements numériques chez BMO Capital Markets, à New York.

Pourtant, remarquent ces analystes, les ventes de jeux vidéo semblaient en rebond intéressant en février et en mars derniers.

Un réconfort après une année 2009 difficile, alors que les ventes de jeux en emballage ont baissé de 9% au niveau mondial.

Aussi, notent les analystes, la programmation de nouveaux titres qui seront lancés au cours des prochaines semaines s'annonce relativement forte.

De plus, une nouvelle génération de consoles de jeux est attendue plus tard cette année de la part de Microsoft (projet Natal), de Sony (projet Move) et de Nintendo (projet 3DS).

Mais cet afflux de nouveautés sera-t-il suffisant pour endiguer le déclin des revenus de l'industrie des jeux vidéo?

À un moment aussi où un nombre grandissant d'adeptes de la manette délaissent les jeux vendus en emballages au profit des jeux téléchargés de l'internet et par téléphonie sans-fil.

«Plusieurs producteurs de jeux se positionnent pour profiter le mieux possible de l'essor inévitable des jeux téléchargés», constate Michael Pachter, de Wedbush Securities.

En contrepartie, souligne-t-il, «cette transition annonce aussi une relative stagnation des revenus, qui risque de succéder à des années de croissance continue. C'est pourquoi des producteurs de jeux vidéo ajustent leur structure de coûts pour être rentables malgré un contexte de croissance modeste des revenus.»