Ces jours-ci, le risque de défaut des émetteurs de dette souveraine occupe l'avant-scène. Pour se protéger contre un tel risque, les investisseurs achètent des swaps de défaillance.

Le détenteur d'obligations paye une prime au vendeur de swaps qui s'engage à acheter l'obligation à sa valeur faciale, si l'emprunteur n'honore pas le service de sa dette. Plus le risque de défaut est grand, plus le swap est cher.

Le swap peut se négocier sur le marché secondaire comme une action ou une obligation, ce qui expose l'émetteur d'obligations (les pays dans le cas d'obligations souveraines) aux paris des spéculateurs.

Il existe aussi un produit financier pour se protéger de l'inflation. Il s'agit de l'obligation à rendement réel (ORR). Le rendement nominal d'un tel titre fluctue selon l'évolution des prix, car l'émetteur garantit à l'acheteur un rendement net, quelle que soit l'évolution des prix.

L'inflation est l'ennemie des prêteurs parce qu'elle aura grugé la valeur réelle de leur capital lorsqu'il sera remboursé. Elle est en revanche l'alliée des emprunteurs parce qu'elle allège petit à petit le poids réel de leur fardeau.

Hantise

Voilà pourquoi beaucoup de gestionnaires de portefeuilles obligataires ont la hantise d'un retour à moyen terme des pressions inflationnistes, surtout quand ils choisissent d'acheter des titres à maturité lointaine (30 ans, par exemple).

Les gouvernements occidentaux sont très endettés, tandis que les pressions salariales dans les pays émergents seront fortes. Elles feront grimper les prix des biens que nous importons ainsi que ceux des produits de base, ont-ils à l'esprit.

«Il existe une corrélation entre la politique fiscale, la politique monétaire et l'inflation, souligne Chris Kresic, vice-président principal aux investissements de Mackenzie. Les fondamentaux de la situation actuelle, c'est que les décideurs veulent que l'inflation soit un peu plus élevée.»

L'investisseur doit jauger quand il est préférable d'acheter une ORR plutôt qu'une obligation classique avec un rendement fixe. Les ORR offertes par le gouvernement fédéral offrent un rendement réel d'environ 1,5%, alors que les nominales proposent un coupon de 4%.

Ces jours-ci, le point mort, c'est quand on parie sur un taux d'inflation de 2,5% à long terme. Obligation classique ou ORR offrent alors le même rendement. Si on mise sur un taux d'inflation plus faible, alors l'ORR est chère, et vice-versa.

Plus la durée moyenne d'un portefeuille est longue, plus les variations des attentes inflationnistes en font bouger le rendement. «Fondamentalement, ça vaut la peine d'accumuler de la protection dans son portefeuille de revenus fixes», souligne M. Kresic. D'où l'attrait des ORR.

Le petit investisseur peut se procurer des ORR auprès de son courtier, mais elles sont assez rares.

Nouvelle souche

Selon Jean-François Godin, vice-président aux recherches de Valeurs mobilières Desjardins, le gouvernement fédéral va lancer une nouvelle souche d'ORR au cours du mois. Cette série de plusieurs tranches de centaines de millions devrait assurer un rendement de 1,5% à 1,75% pour une échéance de 30 à 35 ans, ce qui nous mène en 2045-2046.