«Il s'agit d'une étape significative vers notre objectif de doubler la taille de CGI (T.GIB.A) d'ici trois à cinq ans. »

C'est ainsi que les dirigeants du colosse montréalais des services informatiques ont vanté hier leur nouvelle acquisition d'un milliard de dollars aux analystes financiers.

Juste auparavant, CGI avait annoncé une entente pour l'achat au comptant de Stanley, une firme de la banlieue de Washington, .

Cette transaction conclue à 37,50 $US par action, ou 1,07 milliard $US en tout, rehaussera de plus de moitié le volume d'affaires de CGI au sud de la frontière.

Et surtout, cet achat de Stanley élargira l'accès de CGI à l'imposant marché du gouvernement fédéral américain dans les secteurs civil et militaire.

«Nous renforçons notre positionnement vers un marché massif de 80 milliards $US par an en contrats de services informatiques », a souligné Michael Roach, président et chef de la direction de CGI, lors d'une téléconférence avec les analystes.

Forte d'un milliard et demi en fonds disponibles, CGI magasinait une telle acquisition d'importance depuis quelques trimestres.

«C'est la grosse transaction que nous attendions depuis un bout de temps », titrait d'ailleurs une note-minute de l'analyste Jason Kupferberg, de la firme UBS, transmise hier à ses clients investisseurs.

La dernière transaction d'importance de CGI, réalisée il y a six ans, avait mobilisé 1,1 milliard pour l'achat de la firme American Management Systems (AMS).

Hier, alors qu'il décrivait l'achat de Stanley, Michael Roach a rappelé que CGI aurait encore un demi-milliard en fonds disponibles pour continuer sa recherche d'acquisitions.

Entre temps, les dirigeants de CGI prévoient que l'achat de Stanley ajoutera au moins 900 millions à ses revenus annuels. Ils voisineront alors les 4,5 milliards.

Aussi, cet achat fera passer d'un tiers à près de la moitié la part du chiffre d'affaires de CGI qui est d'origine américaine.

Même impact en ce qui concerne la part des revenus d'origine gouvernementale, en particulier à Washington, où abondent les directions administratives de nombreuses agences civiles et militaires.

Les analystes boursiers ont réservé un premier accueil favorable à l'achat de Stanley.

«Cette transaction est positive tant au niveau financier que de stratégie d'affaires, selon Richard Tse, analyste des entreprises technologiques chez la Financière Banque Nationale.

« Financièrement, selon les chiffres fournis par CGI, l'achat de Stanley devrait contribuer à hausser son bénéfice par action dès la première année. Pour la stratégie d'affaires, cette acquisition contribuera aux objectifs de diversification de CGI vers le marché gouvernemental aux États-Unis, où le potentiel de croissance est bon. »

Pour l'analyste Jason Kupferberg, de la firme UBS, «l'achat de Stanley par CGI s'annonce favorable pour sa croissance dans le marché américain ».

Il déplore toutefois que cette expansion de CGI au sud de la frontière demeure concentrée dans le secteur gouvernemental.

«Je souhaiterais un peu plus de croissance dans les marchés du secteur privé», signale-t-il.

Quant à la valeur financière de cette acquisition milliardaire de CGI, le verdict des analystes et des investisseurs demeure incertain.

«L'achat de Stanley au montant annoncé (37,50 $US comptant par action) n'est pas peu dispendieux. Il s'élève à 18 fois son bénéfice par action anticipé pour cette année », souligne Richard Tse, de la Financière Banque Nationale.

À la Bourse de Toronto, les investisseurs ont aussi manifesté une certaine réserve.

Ils ont laissé choir ses actions de 2% à 14,90 $CA. C'était une baisse un peu plus prononcée que celle de l'indice de marché, encore en recul notable pour une troisième séance consécutive.

Néanmoins, la valeur boursière attribuée à CGI demeure dans les parages immédiats de son sommet en 52 semaines, établi le mois dernier.

Cette valeur demeure aussi supérieure de 50% environ à son niveau d'il y a un an, peu après le creux boursier de mars 2009.