Issu du milieu de la construction, il a contribué à faire de Montréal l'une des plus grandes villes de jeux vidéo au monde. Il a quitté Montréal dans la controverse, réglant ses différends avec Ubisoft en cour. Quatre ans plus tard, Martin Tremblay est de retour. Avec Batman, Superman et l'un des plus gros studios en ville.

S'il est heureux de faire sentir de nouveau sa présence à Montréal, le président de Warner Brothers Interactive Entertainment se défend bien d'avoir donné un traitement de faveur à la ville qui a fait sa renommée dans l'industrie du jeu vidéo. «En même temps, on ne peut pas renier notre passé, dit Martin Tremblay. Je connais bien le marché montréalais et il y a eu l'aide financière du gouvernement du Québec. Montréal avait la meilleure offre.»

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Warner Brothers aurait-elle vraiment installé à Montréal son septième studio de jeux vidéo - son premier créé de toutes pièces et non par acquisition - si la société américaine n'avait nommé Martin Tremblay à la tête sa filiale de jeux vidéo en juillet 2008? Le principal intéressé rit. «Probablement, mais peut-être que le délai aurait été plus long», dit celui qui a dirigé le studio montréalais d'Ubisoft de 2000 à 2006.

Ubisoft, justement. Son départ fracassant de la société française pour la Californie, réglé à l'amiable en cour, laisse présager une cohabitation difficile entre Warner Brothers et le pilier de l'industrie montréalaise du jeu vidéo. Martin Tremblay jure qu'il n'en sera rien. «Je n'envisage aucune rivalité, dit Martin Tremblay. On veut collaborer et participer au sein de l'industrie. Le talent, ça se cultive. On doit s'assurer que l'industrie des jeux vidéo soit en bon état à Montréal. Il faut dire que notre proposition ne ressemble pas à celle des autres boîtes à Montréal. On arrive avec nos technologies, nos propriétés intellectuelles, notre machine de marketing. On est une entreprise de médias intégrés.»

Martin Tremblay, 44 ans, continuera de coordonner les activités des sept studios de jeux vidéo de Warner Brothers à partir de Los Angeles. C'est son ancien bras droit chez Ubisoft, Martin Carrier, qui dirigera les activités à Montréal. «Je reviens au Québec deux fois par année pour voir ma famille, mais la fréquence de mes visites pourrait bien augmenter», dit Martin Tremblay.

À Los Angeles, Martin Tremblay profite pleinement des avantages qu'il y a à travailler pour un grand studio de cinéma. Il y a deux semaines, cet habitué des tapis rouges était à la première du film Clash of the Titans. Un dénouement de carrière insoupçonné pour celui qui était gestionnaire dans la construction avant d'arriver chez Ubisoft par l'entreprise d'un chasseur de têtes. «Mon père avait une entreprise d'enveloppes extérieures pour les gratte-ciels, dit-il. J'ai commencé à travailler là adolescent. J'y ai fait tous les petits boulots avant d'être gestionnaire.»

À 44 ans, Martin Tremblay ne monte plus dans les gratte-ciels. Ses superhéros de jeux vidéo le font à sa place.