Amnistie internationale ne souhaite pas que Google (GOOG) quitte la Chine. Au contraire, l'organisme demande au moteur de recherche californien de rester dans l'empire du Milieu, mais dorénavant dans le respect des droits de la personne.

«Nous ne demandons pas le retrait des entreprises dans des endroits où les droits de la personne ne sont pas respectés, dit Anne Sainte-Marie, porte-parole d'Amnistie internationale. Ce n'est pas comme ça qu'on bâtit. Il faut plutôt faire des affaires en évoquant le respect des droits fondamentaux. Il aurait plutôt fallu que Google fasse respecter les droits fondamentaux des gens dès le début.»

Amnistie internationale tient Google et d'autres moteurs de recherche complices de l'arrestation d'une trentaine de militants pour le respect des droits de la personne en Chine. «Nous avons beaucoup interpellé Google quand l'entreprise a accepté de se plier au désir de censure du gouvernement chinois, dit Anne Sainte-Marie. Nous avons malheureusement eu raison et nous avons vu un nombre croissant d'internautes être détenus avec la complicité de Google et Yahoo!. Nous pensons à cette trentaine de gens en prison et nous nous demandons si Google va travailler avec les organismes de défense des droits de la personne pour les faire libérer.»

L'organisme Human Rights Watch estime que l'avertissement lancé par Google à la Chine est «brave et courageux». «Nous voulons voir Google utiliser son autorité afin de défendre les droits de la personne, dit Sophie Richardson, directrice de l'organisme pour l'Asie. Nous n'étions pas contents que Google se fasse complice de la censure sur l'internet depuis son arrivée en Chine.»

Selon un analyste de la firme canadienne de consultation en télécoms SeaBoard Group, Google ne mettra pas sa menace à exécution. La raison? L'empire du Milieu constitue déjà le plus grand marché d'internautes au monde. «Google veut tester les limites du gouvernement chinois, voir si les règles peuvent être assouplies un peu, dit Amit Kaminer. C'est comme si Google réalisait que les bénéfices de sa présence en Chine ne sont plus aussi importants que les inconvénients, financiers et autres. Le statu quo ne semble plus possible.»

Le politicologue Loïc Tassé s'est dit «surpris» par l'avertissement de Google à l'endroit de la Chine. Il n'ose pas prévoir la fin de cette crise, mais il n'écarte pas le scénario du retrait complet des activités de Google en Chine. «Les Chinois n'aiment pas être brusqués, dit Loïc Tassé, politologue spécialiste de la Chine qui enseigne à l'Université de Montréal. Google se dit aussi peut-être que ça ne vaut plus la peine de jouer sa réputation internationale pour des parts de marché qui stagnent en Chine. Google pourrait jouer la carte des droits de la personne et se faire davantage de nouveaux internautes dans le monde entier que ceux perdus en Chine.»

En Chine, Google se contente d'un rôle secondaire derrière le moteur chinois Baidu, qui accapare 63% des parts de marché des moteurs de recherche. Deuxième à 31%, Google a vu ses parts de marché augmenter de 4,5% en un an et demi, selon la firme Analysis International.

Les Chinois sont de plus en plus nombreux à utiliser de plus en plus souvent les moteurs de recherche. Selon Analysis International, le nombre de recherches sur Google a augmenté de 64% en un an, selon les chiffres du deuxième trimestre de 2009 par rapport à la même période l'année précédente.