Les ventes de détail aux États-Unis ont rebondi fortement en octobre, tirées par le secteur automobile, sans toutefois parvenir à effacer leur recul du mois précédent ni les craintes des analystes concernant l'évolution de la consommation des ménages.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiées lundi par le département du Commerce à Washington, les ventes des détaillants ont progressé de 1,4% par rapport à septembre.

C'est bien plus que ne le prévoyaient les analystes, qui estimaient leur rebond à 0,9%, mais la hausse doit être tempérée par un recul au mois d'août désormais estimé à 2,3%, soit 0,8 point de plus qu'annoncé un mois auparavant par le département du Commerce.

La hausse des ventes de détail du mois d'octobre a été tirée par le secteur automobile (+7,4% par rapport au mois précédent), qui avait chuté de 14,3% en septembre, subissant le contrecoup de la fin de la «prime à la casse».

«Un demi-pas en avant pour un pas en arrière», commente Robert Brusca, analyste de FAO Economics.

Si l'on exclut le secteur automobile, les ventes de détail ont progressé de 0,2% en octobre, moins rapidement que le mois précédent, et moins vite que ne le pensaient les analystes, qui escomptaient une hausse de 0,4%.

C'est une hausse «insensible», estime M. Brusca. L'indice des ventes de détail n'est pas corrigé des variations de prix, et cette progression de 0,2% trahit une quasi-stagnation des ventes en volume.

Les ventes de détail sont très suivies dans la mesure où elles donnent une idée de la tendance des dépenses des ménages, dont la consommation est le moteur traditionnel de la croissance économique des États-Unis.

Celle-ci s'est s'était effondrée au deuxième semestre de 2008 et évolue en dents de scie depuis le début de l'année.

Au troisième trimestre, elle a apporté 2,36 points au PIB américain, permettant aux États-Unis de sortir de la récession avec un taux de croissance de 3,5% en rythme annuel.

Plusieurs économistes qui tablaient sur une rechute de la consommation au quatrième trimestre estiment que si leur pronostic est remis en cause par les chiffres d'octobre, il faut encore rester très prudent.

«La conjoncture reste fondamentalement très mauvaise pour les consommateurs, et ceux-ci vont donc limiter leurs dépenses», estime Scott Hoyt, de Moody's Economy.com, pour qui, comme pour nombre d'autres économistes, «les consommateurs ne seront pas le moteur de la reprise».

Face à la montée continue du chômage, les Américains font effectivement preuve de prudence et préfèrent épargner plutôt que consommer, et ils sont encore très inquiets pour l'avenir comme le montre la nouvelle chute de l'indice de confiance des consommateurs mesuré par l'Université du Michigan, qui a été publié vendredi.

La hausse des ventes d'automobiles sans l'aide de la prime à la casse est une «bonne nouvelle», estime Elsa Dargent, économiste de la banque Natixis, qui dit néanmoins être «prudente» en ce qui concerne la trajectoire de la consommation au quatrième trimestre, du fait de la menace du chômage.