Le jugement dans le procès opposant Chanel et un petit sous-traitant World Tricot qui accuse la prestigieuse marque de haute couture française de «contrefaçon», sera rendu le 11 décembre, a annoncé vendredi le président du tribunal de commerce de Paris.

Cette décision a été annoncée après quatre heures de plaidoiries des avocats des deux parties, à l'issue de quatre ans de procédure et de médiations restées vaines.

Basée à Lure (Haute-Saône) et spécialisée dans la maille de luxe, la PME World Tricot avait assigné Chanel en justice, en septembre 2005, pour «contrefaçon» et «rupture abusive de relation contractuelle».

La directrice de World Tricot, Carmen Colle, affirme avoir reconnu un de ses échantillons de tissu dans la vitrine d'une boutique Chanel à Tokyo en mars 2005 et soutient que l'enseigne de luxe a «sans raison», et drastiquement, réduit ses commandes après ses doléances.

Chanel en revendique la création et réfute fermement les accusations de contrefaçon.

World Tricot, qui emploie aujourd'hui 12 salariés (contre 90 entre 1999 et 2001), réclame 2,5 millions d'euros de dommages et intérêts.

«L'honneur a été sauvé aujourd'hui. On a été entendu. Tout aura été dit et sereinement. Il y a des choses blessantes pour ma soi-disante mauvaise gestion mais je suis contente. Je suis allée jusqu'au bout et j'ai confiance en la justice», a affirmé Mme Colle à l'issue de l'audience.

«Beaucoup de chefs d'entreprises soutiennent notre cause et sont conscients des enjeux à savoir la reconnaissance de la création qu'un artisan peut faire dans cette industrie-là», a commenté l'avocat de World Tricot Pascal Crehange.

 Si sa cliente obtenait gain de cause «ce serait la première fois qu'on reconnaît un droit d'auteur à fabriquant, façonnier, créateur», a-t-il ajouté.

De son côté, Chanel, qui affirme que son image est «ternie» par cette affaire, dénonce un «dénigrement» de la marque. celle-ci demande 500.000 euros pour «préjudice commercial d'atteinte à son image» et 1 euro de dédommagement pour «préjudice moral», a indiqué l'avocat de Chanel Gérard Delile au tribunal. L'avocat, qui a accusé, devant le tribunal, Mme Colle d'avoir utilisé la presse pour dénigrer la marque, n'a souhaité faire aucun commentaire à l'issue de l'audience.