Après les Français d'Ubisoft, les Américains d'Electronic Arts et les Anglais d'Eidos, c'est au tour des Norvégiens de choisir Montréal pour implanter un studio de jeux vidéo.

Funcom, une entreprise d'Oslo qui conçoit des jeux vidéo pour l'internet, a annoncé hier qu'elle fera de Montréal l'un de ses principaux points d'activité. Au programme: de 100 à 150 embauches d'ici un an et demi.

Le nouveau ministre du Développement économique, Clément Gignac, était tout sourire en présentant ce nouveau coup de filet.

«Montréal est devenu la capitale canadienne de la production de jeux vidéo, avec près de 6000 employés, et affiche l'un des plus hauts taux de croissance de l'industrie dans le monde», a-t-il dit.

Même satisfaction chez Investissement Québec, qui a travaillé trois ans pour convaincre les Norvégiens de choisir Montréal.

«J'ai été impressionné par les compétences d'Investissement Québec... et par sa persistance», a d'ailleurs lancé en riant Trond Arne Aas, chef de la direction de Funcom.

Funcom compte actuellement 320 employés répartis entre la Norvège, la Chine, la Suisse et les États-Unis.

«Montréal deviendra un studio majeur pour nous, peut-être le plus gros», a dit M. Aas.

Le bassin de talent, les bas coûts d'exploitation et la présence d'une grappe industrielle forte sont les trois raisons principales qui ont fait pencher la balance en faveur de Montréal.

Suivent les avantages fiscaux. Comme pour les autres entreprises de multimédia, Investissement Québec remboursera 30% des dépenses de main-d'oeuvre de Funcom, une proportion qui peut grimper jusqu'à 37,5% si les jeux sont faits en français.

Avec une masse salaire prévue de 6 à 7 millions par année, les mesures d'aide de Québec devraient donc totaliser plus ou moins 2 millions par année.

«Aucune autre mesure spéciale ne s'applique à ce dossier», a précisé Jacques Daoust, d'Investissement Québec.

«Nous avons beaucoup aimé Montréal et sa culture. C'est une culture avec laquelle il est facile de s'identifier», a ajouté M. Aas pour justifier son choix.

Des inquiétudes

L'annonce tombe pile pour Québec, qui est pressé de revoir ses mesures d'incitation depuis qu'Ubisoft a annoncé en juillet dernier la création d'un nouveau studio de 800 employés... à Toronto. Dans l'espoir de séduire l'industrie du jeu vidéo, l'Ontario vient en effet de créer un programme d'incitatifs plus généreux que celui du Québec.

«Évidemment, ça nous préoccupe, et on veut rester compétitif. C'est un dossier qu'on suit de très près», a dit le ministre Gignac.

Alliance Numérique, le réseau d'affaires du multimédia québécois, a d'ailleurs salué l'arrivée de Funcom... tout en décochant une flèche à Québec.

«Malgré le retard que le Québec a pris par rapport à d'autres provinces et à certains pays, la nouvelle vient quand même montrer que le Québec est une plaque tournante et qu'il attire l'intérêt», a dit Pierre Proulx, directeur général de l'organisme.

D'autres se montrent plus critiques, notamment à cause du problème de main-d'oeuvre qui sévit dans l'industrie. «Ça contribue au problème, c'est sûr, a lancé Rémi Racine, président de la boîte québécoise A2M, en parlant de l'arrivée de Funcom. Je pense que la bonne stratégie n'est pas de faire venir de nouvelles entreprises.»

Frima, de Québec, est le seul studio majeur de la province qui fait dans les «jeux massivement multi-joueurs en ligne» comme Funcom. «C'est génial. Nous, notre but, c'est que le Québec soit reconnu comme un leader mondial», a dit Pierre Moisan, vice-président, stratégie corporative.