La Réserve fédérale américaine fera le point cet après-midi sur sa politique monétaire, quelques heures seulement après la publication des données préliminaires sur l'aggravation de la récession durant le premier trimestre.

On s'attend à une nouvelle chute d'au moins 5% du produit intérieur brut réel qui viendra aggraver encore la glissade de 6,3% subie l'automne dernier. Si le repli devait être plus dramatique encore, malgré le bref regain d'enthousiasme des consommateurs en janvier, alors les autorités monétaires devront trouver les mots pour soutenir la confiance des Américains, encore bien fragile quant aux perspectives de relance économique avant la fin de l'année.

 

La Fed a déjà annoncé son intention de laisser flotter son taux directeur dans une fourchette de 0 à 0,25% «des niveaux exceptionnellement bas pour une période étendue». Sans être aussi transparente que la Banque du Canada qui va maintenir le sien à 0,25% au moins jusqu'au deuxième trimestre de l'an prochain, la Fed va sans aucun doute le reconduire à nouveau et même réitérer son engagement, à moins qu'elle ne le précise davantage.

Faire le point

Les observateurs souhaitent que les autorités monétaires américaines fassent le point sur les effets de ses mesures d'assouplissement quantitatif annoncées lors de sa dernière réunion du 18 mars.

Elle s'était alors engagée à porter de 600 à 1450 milliards ses achats de titres adossés à des prêts hypothécaires afin de relancer le crédit et à se porter acquéreur jusqu'à 300 milliards, dans un premier temps, d'obligations à long terme du gouvernement fédéral dans le but d'infléchir les taux d'intérêt à long terme. Pareil objectif vise à abaisser les taux d'intérêt que doivent consentir à payer les ménages et les entreprises désireuses d'emprunter et de faire rouler l'économie.

Jusqu'ici, la Fed a acheté environ 470 milliards de titres adossés à des actifs et elle doit commencer bientôt à acheter des obligations, compte tenu des besoins d'emprunt colossaux de Washington pour financer son déficit abyssal. «La Fed ne modifiera sans doute pas son programme d'assouplissement quantitatif et du crédit, compte tenu de la décision énergique prise en mars», juge Michael Gregory, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

«La probabilité que la Fed annonce un nouveau gonflement de son bilan est faible, renchérit Millan Mulraine, économiste chez TD valeurs mobilières. Toutefois, elle pourrait profiter de l'occasion pour donner des aperçus de l'efficacité relative de ces mesures.»

La Fed va sans doute réitérer que les prix augmenteront moins vite au cours des prochains mois que ce qu'il paraît souhaitable, compte tenu des pressions à la baisse sur les salaires et sur les biens industriels.

D'aucuns s'attendent à ce qu'elle précise aussi les implications à moyen terme de ses mesures d'assouplissement quantitatif. Sinon, il faudra se rabattre sur la publication du procès-verbal de la réunion dans trois semaines.

L'assouplissement quantitatif est un outil non traditionnel des banquiers centraux dont les effets bénéfiques restent à démontrer.

En contrepartie, les risques inhérents à son recours après avoir épuisé le levier du taux directeur suscitent maints débats, y compris au sein même de la Fed.

Si les sommes faramineuses injectées dans l'économie américaine tant par la Fed que par le Trésor finissent par porter fruit, alors le retour de l'inflation sera rapide et vigoureux, soutiennent plusieurs. La Fed devra alors rapidement remonter son taux directeur, même si taux de chômage reste élevé au point d'inquiéter Washington devenue entre-temps son client.