Si un diagnostic de médecin devait être posé quant à l'état de l'économie canadienne au quatrième trimestre, l'on entendrait sûrement parler d'atrophie.

En effet, Statistique Canada rapporte ce matin que le produit intérieur brut a reculé de 3,4% sur une base annuelle ou 0,8% sur trois mois, le pire résultat depuis 1991. L'agence fédérale explique que la régression a pris de l'ampleur à chaque mois pendant le trimestre.

La situation aurait pu être pire: les analystes consultés par l'agence Bloomberg tablaient sur une décroissance de 3,5%. Aussi, c'est moins important que les reculs respectifs des États-Unis, de l'Union européenne et du Japon, qui s'élevaient à 6,2%, 5,9% et 12,7%.

C'est cette comparaison qu'a en tête Douglas Porter, économiste de BMO Marché des capitaux, quand il dit que «le Canada a été le cheval le plus propre dans une course boueuse. Même avec le déclin marqué du PIB au quatrième trimestre, le premier trimestre devrait entraîner un recul encore plus important. La récession a commencé pour de bon au Canada au début du quatrième trimestre.»

Cette difficile fin d'année a été marquée par la baisse des exportations, des investissements en capital et des dépenses personnelles. La demande intérieure pour les produits et services a chuté de 1,2%.

Si un autre mot devait qualifier la période de trois mois qui a ponctué 2008, ce serait «pire», un mot qui ressort souvent dans les données de Statistique Canada.

Les importations et exportations ont respectivement tombé de 6,4% et 4,7%, leur pire variation depuis 1982, qui s'explique en bonne partie par les difficultés du secteur automobile.

L'achat de biens provenant de l'étranger n'était guère attrayant car le dollar canadien a reculé de 14% pendant la période - sa pire descente depuis le retour du taux flottant en 1970 - faisant monter le coût d'acquisition.

Aussi, le sixième recul consécutif des exportations crée un précédent en plus de 60 ans de compilation de données trimestrielles par Statistique Canada.

Une autre première peu reluisante se trouve dans les dépenses personnelles qui ont diminué de 0,8% au quatrième trimestre.

C'est le premier recul depuis la fin de 1995. Par contre, le revenu disponible a augmenté de 0,4%. Conséquemment, Statistique Canada constate que l'épargne a bondi de 33% à 45 milliards de dollars. Cela donne un taux d'épargne de 4,7%, le pourcentage le plus élevé en plus de quatre ans.

La baisse de production de biens était de 2,4%, découlant de la faible demande intérieure. Tous les secteurs d'activité y ont contribué, sauf l'agriculture. La fabrication a connu la plus grande baisse, soit de 4,3%.

Dans les services, l'activité a fléchi de 0,4%, le pire bilan depuis 1991.

Chez les entreprises, les investissements en machines et matériel se sont contractés de 7,5% alors que les stocks ont continué de s'accumuler.

Pour l'ensemble de 2008, l'économie canadienne a crû de 0,5%, comparativement à 2,7% en 2007.

Réagir rapidement

Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins, croit qu'il faut réagir rapidement à la crise qui secoue le pays. «Dans ce contexte, il est primordial de rappeler que le rôle des gouvernements est de minimiser l'ampleur de la récession en cours. Le plan de stimulation du gouvernement fédéral doit être rapidement mis en branle, et les provinces devront emboîter le pas en investissant aussi dans leurs économies.»