Alcatel-Lucent a fortement creusé sa perte nette en 2008 et se prépare à une nouvelle année difficile en 2009 même s'il a réalisé un relativement bon quatrième trimestre au regard de l'évolution du marché.

Après une perte de 3,5 milliards d'euros en 2007, l'équipementier en télécommunications a fini l'année sur une perte nette de 5,2 milliards (8,33 milliards CAN) en raison d'une dépréciation majeure d'actifs (4,7 milliards d'euros ou 7,53 milliards CAN).Une dépréciation «a été rendue nécessaire par la détérioration drastique de l'économie mondiale au cours du quatrième trimestre ainsi que par notre décision de nous concentrer sur un portefeuille de produits réduit», a expliqué son directeur général, Ben Verwaayen.

«Il était relativement attendu qu'ils allaient faire des dépréciations, mais la magnitude est plus élevée que prévu. Ce n'est pas un bon signal pour le long terme», a commenté Vincent Rech, de la Société Générale.

Natixis Securities tablait par exemple sur une perte nette annuelle de 1,2 milliard d'euros.

Selon M. Rech, la dépréciation est majoritairement liée à l'acquisition de Lucent. Comme en 2007, où des actifs avaient été dépréciés à hauteur de 2,9 milliards d'euros.

Pour autant, l'équipementier s'est félicité de sa «solide performance opérationnelle» au quatrième trimestre, avec une marge d'exploitation ajustée à 6% des revenus.

«Nous avons fait ce que nous avions dit que nous ferions. C'est un très bon début», a déclaré M. Verwaayen, arrivé en septembre et qui a annoncé en décembre un vaste programme d'économies.

Ce dernier, qui fait suite à divers plans de restructuration comprenant au total 16 500 suppressions de postes, prévoit que le groupe réduise de 1000 le nombre de postes de managers et de 5000 celui des sous-traitants et concentre ses efforts sur certaines activités qu'il juge porteuses.

Grâce à ce bon quatrième trimestre, le groupe a atteint ses «trois objectifs financiers» pour 2008: chiffre d'affaires, rentabilité opérationnelle et trésorerie, a-t-il souligné.

Ses ventes s'élèvent ainsi à 16,9 milliards d'euros, en repli de 4,5%, «en ligne avec (son) objectif de baisse de 2 à 5%».

Le bénéfice d'exploitation ajusté, qui exclut les principaux impacts liés à l'acquisition de Lucent, atteint 466 millions d'euros, soit 2,7% des revenus, alors qu'il visait entre 2% et 5%. Et la dette a été réduite à 389 millions d'euros.

«De façon relative, par rapport à ce qui ce se passe dans le marché, Alcatel-Lucent s'en sort pas mal», a jugé Alexandre Peterc, d'Exane BNP Paribas.

Son concurrent canadien Nortel [[|ticker sym='T.NT'|]] tente ainsi d'échapper à la faillite, tandis que Motorola [[|ticker sym='MOT'|]] - qui a annoncé la suppression de 7000 emplois depuis octobre - a enregistré une perte annuelle de 4,16 milliards de dollars US, dont 3,57 milliards sur le seul quatrième trimestre.

Alcatel-Lucent a de son côté confirmé ses prévisions annuelles, avec un repli attendu du marché de 8 à 12% à taux de change constant, les opérateurs risquant de réduire leurs investissements du fait de la crise économique.

N'évoquant pas pour le moment de perspectives à court terme, l'équipementier indique seulement viser pour l'année un résultat d'exploitation ajusté «proche de l'équilibre».