Six ans après Bacon, documentaire-choc qui s'attaquait aux barons de l'industrie porcine, deux chercheuses de l'Université du Québec à Montréal lancent un brûlot réclamant la fin de la production de porcs à grande échelle au Québec.

Six ans après Bacon, documentaire-choc qui s'attaquait aux barons de l'industrie porcine, deux chercheuses de l'Université du Québec à Montréal lancent un brûlot réclamant la fin de la production de porcs à grande échelle au Québec.

Il en va de la santé des gens, du respect de l'environnement et même de la survie de l'identité québécoise, plaident les auteures de Porcheries!.

«Il est utopique de penser que l'agriculture, qui a toujours eu une mission sociale et identitaire au Québec, ne puisse plus être qu'une affaire économique», faisait valoir mardi Denise Proulx, en entrevue au Soleil.

Celle-ci estime que les coûts reliés à la production porcine sont sous-estimés de toute façon.

Aux subventions accordées aux producteurs, il faudrait notamment ajouter les coûts de la recherche scientifique, de la décontamination de l'environnement, des problèmes de santé et de la dévitalisation des régions qu'elle associe à l'élevage de cochons.

Avec sa collègue Lucie Sauvé, Mme Proulx signe un ouvrage collectif qui rassemble les réflexions et les témoignages de «différents leaders d'organisations citoyennes engagées dans ce qu'il est convenu d'appeler la lutte porcine».

Toutes deux ont voulu faire de Porcheries! un livre de référence pour les citoyens qui luttent contre l'établissement ou l'agrandissement de porcheries près de chez eux. Elles y présentent un historique, des statistiques et des résultats de recherches portant sur la production porcine au Québec et ailleurs dans le monde.

Elles dénoncent la disparition des petites fermes familiales indépendantes au profit d'intégrateurs qui contrôlent toute la chaîne de production, de la meunerie à l'abattoir. La qualité du produit final, tout comme de la vie en campagne, s'en trouve affectée négativement, selon elles.

Parmi les solutions envisagées: privilégier l'élevage sur litière, faire respecter les règles environnementales existantes, viser le marché intérieur plutôt que l'exportation et encourager les agriculteurs à produire des viandes plus propres.

Mme Proulx espère que la énième crise du porc - prix à la baisse, coûts de production à la hausse - sera l'occasion de revoir complètement la production.

«On parle d'un gros Titanic: on donne un coup de roue avant de couler, mais on a déjà frappé l'iceberg», illsutre-t-elle.

Hugo Latulippe, l'auteur de Bacon, qui signe la postface du livre, pense que les consommateurs québécois sont prêts à un changement de cap, mais pas les gouvernement et l'Union des producteurs agricoles (UPA).

«Qu'on fasse le choix de soutenir une agriculture qui nous pollue et qui nous nourrit de moins en moins, j'hallucine, je ne comprends pas», s'emporte le jeune homme.

En 2001, les producteurs de porcs avaient accueilli la sortie de Bacon comme une charge à fond de train contre leur mode de production.

Cette fois, c'est «plutôt une grande tape de solidarité dans le dos des agriculteurs», dit Denise Proulx, qui les dépeint comme les victimes d'un système instauré par plus puissants qu'eux.