La Banque du Canada aurait pu s'activer davantage pour freiner l'appréciation du dollar l'automne dernier, estime le président et chef de la direction de Bombardier, Laurent Beaudoin.

La Banque du Canada aurait pu s'activer davantage pour freiner l'appréciation du dollar l'automne dernier, estime le président et chef de la direction de Bombardier, Laurent Beaudoin.

Lors d'un cocktail tenu jeudi soir en marge du Forum économique mondial, qui se déroule à Davos, dans les Alpes suisses, M. Beaudoin a longuement discuté avec le gouverneur désigné de la banque centrale, Mark Carney, qui entrera en fonction le 1er février.

Par la suite, lors d'une rencontre, l'homme d'affaires a estimé que le «gros problème», au moment de la forte poussée de la devise canadienne, l'automne dernier, a été «que personne ne semblait vouloir intervenir».

Pour l'avenir, M. Beaudoin, maintenant âgé de 69 ans, est toutefois confiant. M. Carney «est conscient qu'on ne peut pas laisser les spéculateurs du marché faire ce qu'ils ont fait», a-t-il estimé, en faisant notamment référence au sommet de 1,10 $ US atteint par le huard, en novembre.

Le président de Bombardier n'a pas précisé quelles mesures il aurait aimé que la Banque du Canada prenne pour circonscrire la progression du dollar.

Une possibilité aurait été de baisser le taux directeur, ce qui aurait toutefois pu avoir comme conséquence d'augmenter l'inflation et de faire surchauffer l'économie canadienne.

La hausse fulgurante du dollar canadien, depuis 2002, combinée à l'arrivée massive des produits asiatiques sur le marché canadien, a eu un effet «tragique» pour le secteur manufacturier, a souligné Laurent Beaudoin.

Pour Bombardier, le coup a cependant été moins brutal que pour d'autres entreprises, puisque le constructeur d'avions et de matériel ferroviaire effectue pas moins de 80% de ses achats en dollars américains.

La hausse du taux de change a tout de même coûté des centaines de millions de dollars à l'entreprise québécoise.

Quant aux craintes de récession aux États-Unis, M. Beaudoin ne s'inquiète pas trop, du moins à court terme. Le carnet de commandes de Bombardier frôle les 50 G$ US, un record historique, de sorte que l'entreprise a du travail pour les deux ou trois prochaines années.