Le premier ministre français François Fillon a profité de son passage à Montréal, vendredi, pour présenter la filière nucléaire comme une façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), y compris au Canada.

Le premier ministre français François Fillon a profité de son passage à Montréal, vendredi, pour présenter la filière nucléaire comme une façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), y compris au Canada.

Du même souffle, M. Fillon a affirmé que la France voyait le Québec comme un «allié» pour convaincre le Canada et les États-Unis de faire plus d'efforts pour réduire les GES.

«Il n'y a aucun espoir de se désengager progressivement, au fur et à mesure de l'épuisement des réserves, de notre dépendance au pétrole sans passer par cette étape nucléaire», a soutenu François Fillon dans une allocution prononcée devant la Chambre de commerce française au Canada.

«Le Canada dispose de la deuxième réserve de pétrole au monde, a-t-il relevé. Mais comment procéder à l'extraction du pétrole des sables bitumineux sans augmenter les émissions de CO2? Le nucléaire peut y aider.»

En janvier 2007, le président et chef de la direction de Husky Energy, John Lau, avait indiqué que son entreprise examinait l'utilisation de l'énergie nucléaire pour ses futurs développements, dans le Nord de l'Alberta. A l'heure actuelle, on emploie le gaz naturel pour extraire et chauffer le bitume albertain, un processus qui génère énormément de GES, beaucoup plus que la production conventionnelle de pétrole.

Le gouvernement albertain et le chef libéral fédéral, Stéphane Dion, avaient mal réagi à l'idée de recourir au nucléaire dans les sables bitumineux. Mais pour la France, qui exporte sa technologie nucléaire partout dans le monde, cela représente une possibilité commerciale de plus au Canada.

Avec 58 réacteurs, la France possède le deuxième parc de centrales nucléaires au monde. La multinationale française Areva tente actuellement d'obtenir le contrat de construction d'une centrale à deux réacteurs à Darlington, en Ontario. Sont également en lice un consortium composé d'Energie atomique du Canada (EACL) et de SNC-Lavalin, de même que l'américano-japonaise Westinghouse Electric.

Pressions sur Ottawa

Sur le front politique, le premier ministre français a pressé encore un peu plus Ottawa, vendredi, d'accélérer la cadence en matière de lutte aux changements climatiques.

«Dans ce combat que nous menons, nous avons trouvé avec le gouvernement du Québec un allié extrêmement précieux pour nous aider à convaincre l'Amérique du Nord toute entière de s'engager dans cette voie, a-t-il affirmé. Car nous savons bien que sans une décision stratégique forte de la part de l'Amérique du Nord, en particulier des Etats-Unis, il y a assez peu de chances pour que la lutte contre les changements climatiques soit efficace.»

M. Fillon a rappelé que la France prônait la mise en place d'«instruments de dissuasion» à l'encontre des pays exportateurs qui refuseront de réduire substantiellement leurs émissions de GES. L'Europe, a-t-il par ailleurs précisé, est prête à venir en aide aux pays les plus défavorisés pour leur permettre d'acquérir les technologies nécessaires à la diminution des GES.

Echanges commerciaux

Le premier ministre français a d'autre part exprimé le souhait que d'ici cinq ans, 1000 PME françaises de plus exportent au Canada. Pas moins de 10 000 entreprises françaises le font déjà, dont 6500 PME.

«Le Québec est notre porte d'entrée au Canada», a assuré François Fillon, en mentionnant que 45 pour cent des échanges de biens entre la France et le Canada s'effectuaient au Québec. Sur les quelque 500 filiales françaises implantées au Canada, les trois quarts ont leur siège au Québec.

François Fillon a assisté vendredi à la signature de plusieurs accords de coopération, dont un entre Electricité de France (EDF) et Hydro-Québec dans le domaine éolien et un entre SNCF International et VIA Rail dans le secteur ferroviaire.

Bombardier a en outre signé des déclarations d'intention avec le Groupe Safran et Thales Avionics. Deux filiales de Safran, Messier Bugatti et Aircelle, fourniront divers composants pour le nouvel avion d'affaires Learjet 85 de Bombardier Aéronautique. De leur côté, Thales et Bombardier collaboreront à un projet de recherche appliquée.