Les mauvaises nouvelles s'accumulent chez Quebecor World (T.IQW), au point où des analystes envisagent maintenant la faillite de l'entreprise.

Les mauvaises nouvelles s'accumulent chez Quebecor World [[|ticker sym='T.IQW'|]], au point où des analystes envisagent maintenant la faillite de l'entreprise.

L'imprimeur a annoncé jeudi matin qu'il ne vendra pas ses usines européennes à RSDBNV, comme cela avait été annoncé en octobre.

Les actionnaires du groupe néerlandais ont rejeté à 80% cette acquisition pendant une assemblée extraordinaire, a appris La Presse Affaires.

Ce refus a eu l'effet d'une bombe sur les marchés. Le titre de Quebecor World s'est écroulé de 46% en matinée à la Bourse de Toronto, pour atteindre un creux historique de 1,23$, avant de remonter à 1,88$ en fin d'exercice. L'action a perdu 86% de sa valeur depuis le début de l'année.

La vente avortée de la division européenne survient quelques semaines après l'échec d'un plan de refinancement de 750 millions de dollars.

«Cela va ajouter encore plus de pression à leur posture financière déjà difficile», a souligné dans un rapport l'analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale.

La solution la plus «logique» pour la maison mère Quebecor serait de se débarrasser de sa division d'imprimerie pour se recentrer sur ses activités médiatiques, selon l'analyste. La chose pourrait toutefois s'avérer difficile.

«Nous ne sommes pas convaincus que Quebecor World peut mettre une pancarte à vendre maintenant sans régler d'abord certains de ses problèmes de crédit, a expliqué Adam Shine. Il y a toujours une possibilité croissante que Quebecor World finisse par déclarer faillite.»

L'entreprise éprouve d'importants problèmes de liquidités et son ratio d'endettement demeure élevé. La firme de cotation DBRS a abaissé hier sa cote à long terme à CCC (elle était à B), avec une tendance négative.

«La flexibilité financière de l'entreprise pourrait continuer à se détériorer, à moins que des actions immédiates ne soient prises pour pallier au manque de liquidités», a écrit DBRS dans un rapport assez alarmiste.

Quebecor World a enregistré une perte nette de 374 millions de dollars pendant les neuf premiers mois de l'année, comparativement à un profit de 17 millions pour la même période l'an dernier.

Ses revenus ont reculé de 7% pour les trois premiers trimestres, à 4,17 milliards, affectés par les conditions pénibles du marché mondial de l'impression.

Rejet européen

Pour l'heure, Quebecor World doit trouver un nouvel acheteur pour ses usines européennes.

Le groupe RSDB NV, d'Hilversum, aux Pays-Bas, était supposé verser 341 millions pour ces installations.

Tony Ross, vice-président aux communications de Quebecor World, a refusé de dévoiler si le groupe avait un «plan B» dans sa manche.

«On poursuit activement l'exploration de nos options stratégiques», s'est-il contenté de répéter.

Le chef de la direction de RSDBNV, John Caris, s'est de son côté dit surpris et déçu du rejet de la transaction par la vaste majorité des actionnaires.

«C'est un non massif, et l'explication d'un des gros actionnaires, c'est que le prix était trop élevé», a-t-il expliqué à La Presse Affaires pendant un entretien téléphonique.

Le dirigeant reste persuadé que le prix était approprié. Selon lui, la qualité des installations à vendre le justifiait. «Depuis deux ans, Quebecor Europe a investi 140 millions d'euros en nouvelle machinerie, c'est tout neuf!»

D'après John Caris, les déboires financiers récents de Quebecor World ont poussé plusieurs actionnaires à voter contre la transaction.

«Le chute de la valeur de l'action et le retrait du plan de refinancement il y a quelques semaines ne nous ont évidemment pas aidé à défendre cette acquisition.»

Chez Quebecor -dont 70% des revenus proviennent de l'imprimerie-, personne n'a fait de commentaires hier sur le sort qui sera réservé à Quebecor World.

Pierre Karl Péladeau, grand patron du conglomérat, avait toutefois réitéré sa confiance envers sa filiale il y a deux semaines, pendant une conférence de presse. Avant la mauvaise nouvelle de jeudi.

Merrill Lynch et BMO ont toutes deux abaissé leurs prévisions sur le titre de Quebecor World, jeudi.