Quand vient le temps d'investir dans les actions des sociétés engagées dans l'exploration gazière au Québec, l'opinion des gestionnaires de portefeuille diffère selon leur degré de tolérance aux risques.

Quand vient le temps d'investir dans les actions des sociétés engagées dans l'exploration gazière au Québec, l'opinion des gestionnaires de portefeuille diffère selon leur degré de tolérance aux risques.

Il faut dire qu'il s'agit de titres très spéculatifs et risqués. Ils ne sont pas recommandés pour les petits investisseurs inexpérimentés.

Jean-François Tardif, gestionnaire de portefeuille pour Spott Assett Management, est du genre téméraire. Il entre tôt dans les nouveaux projets gaziers prometteurs comme celui des shales de l'Utica.

Selon lui, la valeur boursière des sociétés engagées dans ces projets est très basse par rapport à ce qu'elle pourrait être s'il y a une exploitation d'envergure.

«On croit au projet, dit-il. C'est le début et c'est risqué, mais la relation risque et rendement est très attrayante.»

Selon lui, les shales de l'Utica et de Lorraine pourraient contenir au minimum 10 tcf (mille milliards de pieds cubes) de gaz naturel exploitable.

Il ajoute que les données publiées jusqu'à maintenant sont très positives. De plus, une autre formation rocheuse située au-dessus des shales Utica, appelée Lorraine, pourrait aussi ajouter beaucoup de gaz.

Les différents fonds de Sprott sont maintenant les principaux actionnaires de Junex et Gastem, et possèdent également des participations dans Questerre Energy et Forest Oil.

Le coût total d'exploitation pourrait être aussi bas que 1,50$ les 1000 pieds cubes (Mpc), comparativement aux 7,50$ le Mpc au Nymex.

Sans compter que la qualité du gaz québécois lui mériterait un dollar le Mpc de plus que le prix du Nymex.

Benoit Brillon, vice-président, actions canadiennes, de Gestion de portefeuille Natcan et spécialiste des ressources naturelles, a été l'un des rares gestionnaires montréalais à croire au potentiel des shales de l'Utica après l'annonce des résultats de Forest Oil en avril dernier.

«Cependant, le projet est encore au stade du laboratoire et la production est loin dans le temps», constate-t-il.

Il croit encore à ces projets, mais il a encaissé des profits, tout en conservant des positions dans Junex et Questerre. Il craint que si le prix du gaz naturel descend à 7$ le Mpc ou moins pendant longtemps, plusieurs sociétés seront forcées d'amputer leur budget d'exploration.

Les projets plus risqués dans les shales du Québec pourraient en être la première victime.

«Tout le secteur est en baisse et même s'il y a de bonnes nouvelles, le mouvement de fonds risque d'emporter bien du monde», ajoute M. Brillon.

Benoit Gervais, gestionnaire de portefeuille pour la Corporation financière Mackenzie et spécialiste des ressources naturelles, croit beaucoup aux projets d'exploitation de gisements de gaz naturel non classiques, notamment ceux de Haynesville et de Barnett aux États-Unis.

«Avant on manquait de gaz. Avec ces projets non classiques, maintenant on en a trop», affirme M. Gervais.

Pour ce qui est des projets d'exploration dans les shales de l'Utica au Québec, le gestionnaire croit qu'il est trop tôt pour y investir.

«À Haynesville, c'est seulement un des shales qui a fonctionné et cela a pris trois ans pour trouver la solution», fait valoir M. Gervais.