Dans la foulée de la crise du papier commercial, la Caisse de dépôt et placement du Québec a décidé de passer en revue le risque inhérent à l'ensemble de ses placements, a appris La Presse Affaires.

Dans la foulée de la crise du papier commercial, la Caisse de dépôt et placement du Québec a décidé de passer en revue le risque inhérent à l'ensemble de ses placements, a appris La Presse Affaires.

Selon nos informations, la Caisse a lancé un appel d'offres auprès de trois firmes externes spécialisées en la matière, avant les Fêtes. Parmi elles figurait McKinsey & Company.

Au fil d'arrivée, c'est finalement la firme PricewaterhouseCoopers qui a été retenue, nous a confirmé le porte-parole de la Caisse, Gilles des Roberts.

Les consultants de Pricewater- houseCoopers ont pour mandat d'analyser la politique de gestion du risque de la Caisse.

Ses interlocuteurs sont les dirigeants de la Caisse, a dit M. des Roberts, et non le conseil d'administration, contrairement à l'information qui circulait. Le conseil recevra toutefois tous les rapports.

«Le mandat est relié à la crise de liquidités, à la volatilité et à la complexité dans les marchés. Mais on n'est pas tout seul à se poser des questions, à regarder les pratiques. Dans le milieu, tout le monde se pose ce genre de questions», a déclaré Gilles des Roberts.

La Caisse de dépôt, rappelons-le, a investi 13,2 milliards de dollars dans le papier commercial adossé à des actifs (PCAA).

Il s'agit d'environ 40% du PCAA non bancaire au Canada. Ce marché de 33 milliards de dollars est gelé depuis la mi-août, mais le 23 décembre, une entente a été conclue pour dégeler ce marché.

L'entente aura toutefois pour effet d'augmenter le niveau de risque à la Caisse. En vertu de l'entente, chacun des détenteurs de papier commercial devra se trouver une assurance pour se couvrir contre le risque que survienne une nouvelle rupture du marché.

Globalement, le niveau d'assurance devra s'élever à 14 milliards de dollars pour l'essentiel des 33 milliards de PCAA.

La Caisse et le Mouvement Desjardins, entre autres, n'auront pas besoin de se trouver une institution pour s'assurer, puisqu'elles s'auto-assureront.

Cette auto-assurance aura toutefois pour effet d'augmenter quelque peu le niveau global de risque des placements de la Caisse, nous a confirmé le PDG, Henri-Paul Rousseau, au cours d'un entretien téléphonique le 23 décembre.

Dans l'industrie, on n'est pas surpris par la décision de la Caisse. Avec la crise mondiale de liquidités provoquée par les hypothèques à risque (subprimes) aux États-Unis, à peu près toutes les grandes institutions sont à revoir leurs gestions du risque par les temps qui courent.

«C'est la folie actuellement, nous dit un intervenant qui tient à garder l'anonymat. Les gestionnaires sont payés pour prendre des risques. Ils s'attendent à perdre de temps en temps. Mais comment prévoir la prochaine crise systémique, c'est LA question», nous dit-on.

Gilles des Roberts n'a pas été en mesure de nous préciser l'étendue du mandat à PricewaterhouseCoopers. Règle générale, nous indique-t-on dans l'industrie, un tel mandat peut prendre entre six semaines et six mois, selon sa portée.

Malgré l'entente du 23 décembre, il n'a pas été possible d'avoir une évaluation du niveau de pertes appréhendées à la Caisse.

Devant la Commission sur les finances publiques du Québec, le 28 novembre, Henri-Paul Rousseau avait dévoilé que l'exposition de la Caisse aux subprimes américains était d'environ 1 milliard de dollars sur les 13,2 milliards de PCAA de la Caisse.

Le PDG de la Caisse estimait alors que la provision pour pertes pour les subprimes pouvait s'élever à 50%, soit 500 millions. Pour le reste, soit 12,2 milliards, aucune estimation n'a été donnée, mais les provisions de pertes devraient être beaucoup moindres.