Quelques bouteilles de bière, des grosses comme des régulières, côtoient trois shooters sur l'une des tables du bar Chez Serge, dans le quartier Mile-End à Montréal. Et nous n'en sommes qu'à la première période.

Quelques bouteilles de bière, des grosses comme des régulières, côtoient trois shooters sur l'une des tables du bar Chez Serge, dans le quartier Mile-End à Montréal. Et nous n'en sommes qu'à la première période.

C'est une bonne soirée. Le bar est bondé, le Canadien gagne, les amateurs festoient... et ils dépensent.

Pour les tenanciers, la qualification du Canadien pour les séries éliminatoires et leurs bonnes chances de succès sont une véritable bénédiction. Les soirées rentables de l'hiver vont se poursuivre durant le printemps.

Mais ce qu'il y a de vraiment bien pour les tenanciers, c'est que les matchs de «la vraie saison» peuvent durer longtemps, plutôt que d'être abrégés en fusillade, et que la tension des prolongations donne soif.

Chez Serge, 75% des revenus en semaine sont enregistrés lors de matchs de hockey, selon le copropriétaire Carlos Morais.

Il se vend environ 880 bières par soir de match chez Serge, pour environ 150 amateurs présents. De quoi faire une soirée arrosée, et rentable.

À la taverne Chez Normand, où comme chez Serge le hockey fait la renommée de l'endroit, les ventes sont 10 fois plus importantes qu'à l'habitude quand la troupe de Guy Carbonneau est en action!

«Ça nous donne un boost financièrement, dit le gérant Frédéric Gauthier. Ça fait même connaître la place à d'autres personnes qui ne viennent pas pendant la saison, mais qui ont l'engouement des séries.»

Le président de l'Union des tenanciers de bar du Québec, Peter Sergakis, estime que les bars à caractère sportif voient généralement leurs ventes augmenter de 100% lors des matchs. Même les bars qui n'ont pas de vocation sportive (mais au moins une télé!) en profitent dans une moindre mesure en vertu d'une augmentation de 10 à 20%.

De quoi faire des tenanciers de farouches partisans du CH. Peter Sergakis s'est lui-même converti du jaune et noir des Bruins au bleu blanc rouge du Canadien au fil du temps.

Quand le Canadien a été cruellement éliminé lors du dernier match de la saison l'an dernier, le coup a été dur, tant pour les amateurs que pour les tenanciers. «C'était la désolation», se souvient Frédéric Gauthier.

Des victoires, s'il-vous-plaît

Un match, c'est bien, mais une victoire, c'est mieux. Il faut dire que la victoire est un puissant catalyseur de consommation.

«Quand le Canadien gagne, c'est clair qu'on est plus dedans, dit Nick, un partisan rencontré chez Serge un soir de victoire. On boit plus. Tout est une question d'ambiance.»

Une serveuse confirme. Les clients boivent plus quand le Canadien va bien, mais, malheureusement, leur allégresse ne se manifeste pas jusque dans les pourboires.

Mais comme la victoire a collé à la peau du Tricolore cette saison, tout le monde est heureux. «C'est magnifique», dit Peter Sergakis. «Ça a été très bon toute la saison, mais depuis quelques mois, c'est plus fort.»

L'affluence qu'entraîne le hockey a fait du bien aux bars. Selon M. Sergakis, les fortes neiges et l'interdiction de fumer ont fait mal aux établissements ces derniers temps.

Même certains bars que l'on n'associe pas traditionnellement au hockey se mettent de la partie pour profiter de la folie des séries. C'est le cas du Vices&Versa, par exemple, où l'on installera une télé et où l'on offrira une bière brassée spécialement pour les séries.

Frédéric Gauthier, de Chez Normand, se croise les doigts pour que le Canadien se rende loin en séries. Jusqu'en juin si possible, question de nous transporter jusqu'à l'Euro, qui attirera les amateurs de soccer, en attendant le retour du hockey.