La forte hausse du prix de l'essence mine sérieusement le moral des consommateurs canadiens, même si le reste de l'économie tient le coup.

La forte hausse du prix de l'essence mine sérieusement le moral des consommateurs canadiens, même si le reste de l'économie tient le coup.

C'est ce que constatent des économistes avec la rechute de l'indice de confiance des consommateurs à son plus bas niveau depuis presque 13 ans.

Selon le relevé du Conference Board du Canada, publié hier, la confiance des consommateurs a reculé de 6,2 points en juin pour s'établir à 79,6 points.

C'est son niveau le plus faible mesuré depuis l'automne 1995, alors que cet indice mensuel cotait à 68,8 points. L'indice fonctionne selon une base de référence de 100 points établie en 2002.

Parmi les provinces, la chute en juin est particulièrement marquée (8,1 points) en Ontario, dont la grosse économie frôle d'ailleurs la récession.

Au Québec, la baisse de confiance des consommateurs est moins prononcée (4,5 points) que dans la province voisine.

Mais elle est néanmoins significative en contraste de la vigueur encore récente des dépenses de consommation des Québécois.

«Cette baisse soudaine de confiance concorde avec notre anticipation d'un ralentissement de la consommation, après des années fortes», commente Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins.

«Et la principale cause de ce ralenti n'est pas une dégradation soudaine des facteurs qui touchent les consommateurs, comme le marché de l'emploi et les taux d'intérêt. Plutôt, c'est la forte hausse du prix de l'essence qui les oblige à réaménager leur budget. De plus, ce prix que les consommateurs voient affiché un peu partout a un important effet psychologique négatif.»

Chez Valeurs Mobilières Banque Laurentienne, l'économiste Sébastien Lavoie constate aussi l'impact de la forte inflation de l'essence sur la confiance des consommateurs.

«Malheureusement, trop de gens et de ménages perçoivent leur situation financière en fonction du prix de leurs achats les plus courants, notamment l'essence. Donc, plus l'essence coûte cher, plus leur optimisme est affecté même si les autres facteurs économiques demeurent favorables», selon M. Lavoie.

Cela dit, cette forte baisse de confiance des consommateurs se fait déjà sentir dans l'économie.

«Toutes les étoiles s'alignent pour un ralentissement des dépenses de consommation, mais pas de rechute majeure toutefois», écrivait Craig Alexander, économiste en chef adjoint de la Banque TD, dans un rapport publié il y a quelques jours.

À l'instar de ses collègues, il anticipe une baisse de près de moitié du taux de croissance annualisé des dépenses des consommateurs canadiens au cours des prochains trimestres, autour de 2,5%.

Déjà, ces consommateurs, surtout en Ontario et au Québec, ont réduit leurs achats de biens durables les plus coûteux comme les véhicules automobiles et l'ameublement.

«Ce sont de grosses dépenses qui peuvent être décalées en premier lieu, au contraire du logement, de l'alimentation et de l'essence», explique Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins.

Mais ensuite, les consommateurs compenseront la hausse du prix de l'essence en réduisant leurs autres dépenses discrétionnaires, comme les loisirs et les vêtements de mode.

Bref, quelques trimestres décevants à l'horizon pour nombre de détaillants au Québec et en Ontario, après des années fastes.