Selon toute vraisemblance, la croissance économique au deuxième trimestre aura été plus forte que prévu des deux côtés de la frontière.

Selon toute vraisemblance, la croissance économique au deuxième trimestre aura été plus forte que prévu des deux côtés de la frontière.

Pourtant, l'expansion des deux économies devrait inquiéter davantage que les pressions inflationnistes au cours des mois à venir.

On s'attend à ce que le produit intérieur brut ait progressé de 2,0% aux États-Unis, d'avril à juin, à la faveur d'une amélioration de la balance commerciale et d'une consommation dopée par des rabais fiscaux aux ménages par Washington.

Au Canada, l'économie a sans doute crû de 0,2% en mai, selon la prévision des experts. Cela porte à croire que le trimestre se terminera par un retour à l'expansion, après le recul surprenant de 0,3%, cet hiver.

Aux États-Unis, les bénéfices des entreprises ont pourtant reculé pour un quatrième trimestre d'affilée ce printemps. Cela n'est guère un bon présage pour le marché du travail et les investissements.

Le marché de l'habitation reste en piètre état: le nombre de maisons neuves invendues équivaut à 10 mois de mises en chantier, et le prix des maisons neuves ou d'occasion est plus faible que l'an dernier.

Le taux d'inoccupation des propriétés s'élève à 2,8%, à un dixième près de son sommet historique atteint au premier trimestre. Les optimistes indomptables y verront une amélioration. C'est faire fi des conditions de crédit qui se sont durcies, compte tenu de la détérioration du bilan des banques régionales dont le prêt hypothécaire est la source principale de revenus.

De ce côté-ci de la frontière, l'affaiblissement de l'économie américaine compliquera encore la tâche aux manufacturiers alors que l'attiédissement de la consommation et des mises en chantier canadiennes limite aussi leurs débouchés intérieurs.

Après leur folle poussée du printemps, les prix du pétrole et des céréales fléchissent rapidement.

Les taux d'inflation très élevés le mois dernier aux États-Unis (5,0%) et au Canada (3,1%) ont de bonnes chances de se replier dès l'hiver. Les cours vertigineux de l'énergie se sont assez peu répercutés ailleurs dans l'économie, à l'exception notable du transport aérien.

Selon une recherche menée par Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, 116 des 173 articles formant le panier de provisions canadien de l'Indice des prix à la consommation sont à la hausse cette année, contre 127 l'an dernier alors que l'or noir et l'essence coûtaient beaucoup moins qu'aujourd'hui. «Cette statistique vient confirmer l'absence de contagion marquée de l'énergie vers les autres biens et services», juge-t-il.

En revanche, la hausse du prix de l'énergie n'a pas encore eu tout son impact sur le consommateur. C'est avec la facture de chauffage qu'on en prendra toute la mesure des deux côtés de la frontière.

À la différence du Québec, la plupart des provinces et des États américains produisent de l'électricité dans des centrales thermiques. Les prochaines factures, déjà incorporées en grande partie au taux d'inflation, seront reçues comme des électrochocs par plusieurs.

«Les villes, déjà aux prises avec des factures d'énergie accrues, vont sans doute majorer les tarifs de transports en commun ou l'impôt foncier», prédisent Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Groupe Banque Scotia. Autant d'éléments qui gonflent l'inflation globale qui sont exclus des indices de référence qui servent de baromètre à la Réserve fédérale et à la Banque du Canada dans l'établissement de leur politique monétaire.

Ces factures ventripotentes vont néanmoins inciter le consommateur à y regarder de plus près à la dépense.

La baisse observée ces derniers jours du prix du pétrole doit être vue pour ce qu'elle est jusqu'ici: un retour au prix du mois de mai.

«Les autres forces qui se liguent contre les dépenses de consommation (aux États-Unis) comme l'affaiblissement du marché du travail, la baisse du prix des actifs (biens mobiliers et immobiliers) le resserrement du crédit et l'épuisement imminent des stimuli fiscaux demeurent de formidables obstacles», rappelle Andrew Tilton, économiste chez Goldman Sachs.