Quand le marché s'emballe, les automobilistes payent. Plusieurs stations-services montréalaises ont vendu l'essence ordinaire 119,4 cents le litre ce week-end, près de 10 cents de plus que la moyenne de décembre.

Quand le marché s'emballe, les automobilistes payent. Plusieurs stations-services montréalaises ont vendu l'essence ordinaire 119,4 cents le litre ce week-end, près de 10 cents de plus que la moyenne de décembre.

«Dès qu'il y a une hausse sur le marché mondial, l'automobiliste le voit tout de suite, explique Bruno Rémillard, professeur aux HEC. Mais quand il y a une baisse, ça prend plus de temps pour se répercuter à la pompe.»

Le baril de pétrole a atteint un record de tous les temps sur les marchés financiers jeudi, atteignant 100,09 $ US.

Les prix à la pompe des derniers jours étaient donc plutôt prévisibles, selon M. Rémillard. «Et l'essence est toujours plus chère la fin de semaine, parce que les gens voyagent plus. Les détaillants peuvent faire plus d'argent.»

Le porte-parole de l'Institut canadien des produits pétroliers, Carol Montreuil, attribue lui aussi cette hausse au prix de la matière première.

«Les détaillants achètent leur essence 1,10$ le litre depuis plusieurs jours, souligne-t-il. Leur marge de profit était presque nulle la semaine dernière. C'est donc normal qu'ils se reprennent cette semaine.»

Peut-on s'attendre à une baisse bientôt, alors? «Personne ne peut faire de prédiction», répond Carol Montreuil. Il souligne toutefois que la tendance est à la hausse, toujours en raison du prix du pétrole brut.

Le marché s'emballe

Selon l'économiste de l'UQAM Pierre Fortin, l'automobiliste ne doit pas espérer une baisse de sitôt. «L'essence à 80 sous, c'est aussi improbable que la bière à 10 sous», dit-il.

Selon lui, la baisse des réserves de pétrole aux États-Unis peut être en partie tenue responsable des prix du week-end. «Quand il n'y a plus de jus dans la réserve, les raffineries achètent plus, explique-t-il. Et ça peut avoir un impact sur le prix.»

L'instabilité actuelle au Pakistan, proche des gisements pétroliers du Golfe, est en partie responsable de cette fluctuation, selon Bruno Rémillard.

«Plus les acheteurs ont peur, plus ils sont prêts à payer cher pour les contrats de pétrole», explique le professeur.

Le président de l'OPEP, Chakib Khelil, a dit samedi que l'augmentation du prix était attribuable aux tensions au Pakistan, aux violences au Nigeria et à la baisse des inventaires aux États-Unis. Nos analystes québécois ont donc vu juste!

«Mais consolons-nous, conclut Pierre Fortin. Si le dollar canadien valait 80 sous américains comme avant, on paierait notre essence 1,35$.»