On ne sait pas encore combien coûtera en fonds publics le sauvetage de Fannie Mae et de Freddie Mac annoncé hier par le Trésor américain.

On ne sait pas encore combien coûtera en fonds publics le sauvetage de Fannie Mae et de Freddie Mac annoncé hier par le Trésor américain.

Même si les 200 milliards disponibles dans le plan annoncé par le secrétaire au Trésor Henry Paulson et par le directeur de la Federal Housing Finance Agency James Lockhart ne seront peut-être pas tous nécessaires, la facture s'annonce comme la plus élevée dans les annales financières mondiales.

Déjà, les grandes banques occidentales ont radié un peu plus de 500 milliards à l'actif de leurs bilans pour absorber les effets de la crise immobilière américaine, qui n'est plus limitée aux prêts à risque.

On observe maintenant une surenchère dans ce que les gouvernements ou les banquiers centraux doivent avancer en fonds ou en réglementation restrictive pour tenter d'endiguer la pire crise du crédit depuis la Grande Dépression.

En mars, la Réserve fédérale américaine a troqué d'urgence 29 milliards de bons du Trésor contre des créances à risque à JP Morgan Chase pour lui permettre d'avaler la banque d'affaires Bear Stearns.

En février, Londres avait dû nationaliser la banque Northern Rock, qui s'était placée durant l'automne sous la protection de la Banque d'Angleterre.

On sait depuis que tout le système bancaire britannique est fragilisé par une crise immobilière dont l'importance approche celle des États-Unis puisque le prix des maisons plonge.

Le mois dernier, les autorités suisses ont resserré leur loi sur les banques pour limiter le recours à l'effet de levier dans l'attribution de prêts. UBS et Crédit suisse figurent parmi les banques européennes les plus touchées par la crise immobilière des États-Unis où elles s'étaient montrées très actives.

Rassurer les marchés

"Si le plan Paulson parvient à rassurer les marchés et à faire baisser les taux hypothécaires, alors l'opération aura réussi", indique en entrevue Clément Gignac, stratège et économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.

Tel semble le noeud du problème. Les taux d'intérêt élevés diminuent le nombre d'acheteurs potentiels. Cela a pour effet de réduire le prix des maisons.

À mesure que la valeur des hypothèques excède celle des maisons, le nombre de prêts défaillants augmente. Pour les prêts consentis à des emprunteurs ayant un bon dossier de crédit, le taux de défaillance est passé de 2,7% à 3,9% en un an aux États-Unis. Cela porte la proportion totale des prêts défaillants à 6,1%, un sommet, rappelle M. Gignac.

La crise est aggravée par la méfiance des investisseurs à l'égard des institutions financières: que cachent-elles dans leurs états financiers?

Hier, M. Paulson a indiqué que la vérification détaillée des comptes de Fannie et de Freddie révélait des pratiques comptables douteuses bien que légales sur la valeur réelle de leur capital. Elles étaient en fait plus fragiles encore que ce que leurs bilans montraient.

Dans ces conditions, les investisseurs exigent plus de rendement sur les titres de dettes émis par les banques, incapables du coup de refiler aux emprunteurs les baisses de taux décrétées par les banques centrales. C'est ce cercle vicieux que veut briser M. Paulson.

Mondialisation oblige, c'est maintenant au tour de l'Europe de connaître une crise de l'habitation au moment où son économie entre en récession. Outre le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Irlande ont dû une bonne partie de leur forte croissance des dernières années, à une activité immobilière effrénée. Les difficultés de leurs banques y mettent fin brutalement.

À suivre...

Qui sont Fannie et Freddie? Fannie Mae a été créé sous la présidence de Franklin D. Roosevelt en 1938 dans le cadre du New Deal. Son objectif était de favoriser l'accès à la propriété. En 1968, une réforme l'a transformée en société par actions pour la rendre plus efficace, mais l'État accordait une garantie implicite sur sa dette.

Freddie Mac a été créée en 1970 par l'administration de Richard Nixon pour concurrencer Fannie.

Au 30 juin, les deux sociétés ont déclaré des pertes conjointes de 14,9 milliards. Depuis, le marché immobilier américain a continué de se détériorer.

LE CRÉDIT AUX ÉTATS-UNIS, UN MARCHÉ DE 24 300 MILLIARDS

Voici les grands détenteurs de créances aux États-Unis:

10 600 milliards au bilan des banques. La majeure partie de ces prêts sont des hypothèques résidentielles et commerciales.

2500 milliards sous forme de prêts financés par des titres adossés à des actifs.

5300 milliards de prêts détenus ou garantis par des sociétés commanditées par le gouvernement comme Freddy Mac et Fanny Mae.

3800 milliards de prêts financés par du papier commercial non bancaire.

1700 milliards de prêts ou de titres de dettes détenus par des compagnies d'assurances, des caisses de retraite et le gouvernement.

Sources: Rapport de la Réserve fédérale au 31 mars cité et décortiqué par Goldman Sachs.