Un actionnaire averti en vaut deux. La Banque Nationale a pris la peine hier de prévenir le marché que ses résultats du quatrième trimestre, qui seront publiés la semaine prochaine, seront affectés par une autre dévaluation du papier commercial qu'elle détient.

Un actionnaire averti en vaut deux. La Banque Nationale a pris la peine hier de prévenir le marché que ses résultats du quatrième trimestre, qui seront publiés la semaine prochaine, seront affectés par une autre dévaluation du papier commercial qu'elle détient.

La Nationale annonce qu'elle diminuera ses profits du quatrième trimestre de 237 millions de dollars, dont la moitié, soit 117 millions, en dévaluation de son papier commercial adossé à des actifs (PCAA).

Le titre de la Banque Nationale a subi les contrecoups de cette annonce et a perdu près de 4% hier à dans un marché fortement à la hausse à Toronto. Le titre a fini la journée à 39,04$, en baisse de 1,40$.

C'est la troisième fois que la banque est obligée de dévaluer son papier commercial depuis le début de la crise de confiance envers ces titres de dettes à l'été 2007. Au total, l'institution financière dit avoir réduit de 32%, ou 736 millions, la valeur du papier commercial qu'elle détient.

La banque est un des plus importants détenteurs de papier commercial à risque, parce qu'elle a racheté pour 2 milliards l'ensemble de ces titres détenus par ses petits clients.

Cette nouvelle dévaluation survient alors que l'entente concoctée par l'ancien président de la Caisse de dépôt et les banques canadiennes pour restructurer le marché du papier commercial se fait toujours attendre et que les marchés financiers continuent de souffrir.

En plus de la dévaluation de son papier commercial, la Banque Nationale a retranché de ses profits du dernier trimestre 66 millions pour les changements organisationnels annoncés en septembre dernier et 54 millions en radiations d'actifs.

Ces charges totalisant 237 millions (avant impôts) feront fondre les profits du trimestre de 228 millions (1,36$ par action) à 70 millions (37 cents par action).

Ces résultats sont supérieurs aux attentes des analystes, qui prévoyaient un bénéfice par action avant charges extraordinaires de 1,33$. En prévenant d'avance le marché, «la Banque Nationale veut envoyer le message que ses profits sont supérieurs aux attentes et que sa base de capital est solide», a commenté Michael Goldberg, l'analyste du secteur financier chez Valeurs mobilières Desjardins.

Il faudra toutefois attendre à jeudi prochain, date de la publication des résultats financiers détaillés, avant d'en savoir plus sur le bilan de la Nationale.

En attendant, DBRS a confirmé la cote de crédit de l'institution financière. La firme estime que les dévaluations annoncées par la banque sont gérables compte tenu de sa base de capital et de son potentiel de rentabilité.

C'est la deuxième fois de son histoire que la Banque Nationale fait une préannonce de ses résultats financiers et, dans les deux cas, c'est en raison de dévaluations liées au papier commercial.

La banque a voulu rassurer les marchés dans un contexte où les rumeurs sont nombreuses, a fait savoir son porte-parole, Denis Dubé.

La Banque Royale, la Banque Toronto-Dominion et la Banque Scotia ont elles aussi fait des annonces préliminaires de leurs résultats du quatrième trimestre.

Même après les dévaluations, les résultats de la Nationale sont meilleurs que ceux du même trimestre de l'an dernier, qui s'était soldé par une perte de 175 millions.

Pour l'exercice 2008 au complet, la Banque prévoit un bénéfice net de 776 millions (4,67$ par action), en hausse de 45% par rapport à l'exercice 2007.

Le président et chef de la direction de la banque, Louis Vachon, s'est dit satisfait de ces résultats. «En dépit des conditions financières exceptionnellement difficiles à l'échelle mondiale, nous avons amélioré nos résultats de 2008, a-t-il commenté dans un communiqué. La contribution du secteur Particuliers et entreprises a augmenté, les résultats de la Gestion du patrimoine (activités de courtage) sont demeurés stables et le rendement des Marchés financiers (financement corporatif) a été somme toute très bon, malgré la conjoncture défavorable.»