L'habitation garde le cap sur la croissance au Québec, contrairement à celle des États-Unis et de l'Ouest canadien, mais sa vigueur s'atténue et une petite baisse devient possible, dans la foulée de la crise financière et de la récession mondiale.

L'habitation garde le cap sur la croissance au Québec, contrairement à celle des États-Unis et de l'Ouest canadien, mais sa vigueur s'atténue et une petite baisse devient possible, dans la foulée de la crise financière et de la récession mondiale.

Dans une étude dévoilée hier, Statistique Canada confirme que le prix des habitations neuves au Québec a grimpé de 6,1% en septembre 2008, comparativement à il y a un an. La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), dans son analyse d'hier, ajoute que les mises en chantier ont augmenté au Québec de 10% en octobre dernier, sur un an.

À Montréal, les prix ont aussi augmenté de 4,8% en septembre 2008, mais le nombre des chantiers a par contre reculé de 11% en octobre, par rapport à l'année précédente.

La SCHL prévoit toujours une hausse des prix de 4% sur le marché de la revente dans la région de Montréal d'ici la fin de 2009, malgré une baisse de 4% des ventes.

Toutes ces statistiques sont scrutées à la loupe, parce que l'habitation s'effrite aux États-Unis et qu'elle baisse ailleurs au Canada. Pour Montréal, la SCHL prévoit un ralentissement ordonné du marché, grâce au maintien des emplois.

«Le marché immobilier canadien n'est pas complètement immunisé contre le ralentissement économique», souligne l'économiste principal de Desjardins, Benoit P. Durocher.

«L'activité dans l'habitation au Canada va ralentir de façon notable», prévoit de son côté Millan Mulraine, économiste de TD Securities.

Dans ce contexte, «le regain de la construction résidentielle au Québec le mois dernier est tout de même étonnant», ajoute sa collègue de Desjardins, Hélène Bégin. «Plutôt que de réduire la cadence des chantiers, l'économie moins favorable a déplacé la demande vers les habitations plus abordables, comme les maisons jumelées et les condos», explique-t-elle.

«L'Ontario et le Québec ne sont pas encore touchés, les chantiers se maintiennent à des niveaux assez bons. C'est dans l'Ouest canadien que l'essoufflement est généralisé. Par contre, c'est sûr que le contexte économique moins favorable va faire baisser la confiance des ménages, qui achèteront moins d'autos et de maisons», dit Benoit P. Durocher.

Le rythme annuel des mises en chantier dépasse toujours les 200 000 logements au Canada et les 40 000 au Québec, note Millan Mulraine. La baisse de 11% dans la région de Montréal s'explique par les moins nombreux chantiers de résidences pour retraités, selon la SCHL, qui suggère justement depuis longtemps aux constructeurs de ralentir la cadence dans ce segment.

La Banque du Canada n'écarte plus la possibilité d'une récession au pays, mais Desjardins prévoit encore pour le Québec une croissance de l'économie, quoique presque nulle, grâce aux dépenses gouvernementales, notamment dans les infrastructures, note Benoit P. Durocher. «Il suffit de circuler sur les routes pour constater l'importance des travaux et des... bouchons.»