Attention serveurs, le fisc veut lui aussi toucher sa part de la menue monnaie laissée sur la table par vos clients.

Attention serveurs, le fisc veut lui aussi toucher sa part de la menue monnaie laissée sur la table par vos clients.

Revenu Québec a récemment envoyé des réclamations de centaines de dollars à des dizaines de serveurs de la capitale à la suite d'une minutieuse enquête dans les chaînes de restauration.

Afin d'inciter les employés à pourboires à déclarer toutes leurs entrées d'argent, le gouvernement québécois a introduit en 1998 l'obligation d'ajouter à leur salaire de base au moins 8 % de leurs ventes. S'ils reçoivent moins, leur employeur doit leur verser une allocation pour combler le manque à gagner.

Mais voilà, la majorité des serveurs reçoivent davantage et se contentent de déclarer le strict minimum. Ils évitent ainsi de payer des impôts sur une importante partie de leurs revenus.

Afin de mettre un terme à cette pratique illégale, Revenu Québec a lancé en début d'année une opération dans diverses chaînes de restauration de la capitale.

Les enquêteurs du ministère ont ainsi visité plusieurs établissements afin d'obtenir les ventes par cartes de crédit qui représentent environ le tiers des transactions.

Les clients devant inscrire le montant laissé en surplus, le ministère a ainsi pu évaluer les pourboires versés à ces employés sans avoir à compter la menue monnaie laissée à chaque table.

Des 316 serveurs des Rôtisseries Saint-Hubert de la région de Québec, la moitié (159) ont reçu des réclamations allant de 250 $ à plus de 1000 $.

Ceux épargnés d'une facture ont déclaré la totalité de leurs gains ou les montants réclamés étaient inférieurs à 250 $.

L'enquête du ministère a en effet révélé que les serveurs de ces restaurants recevaient en moyenne 11,5 % en pourboires, soit bien plus que les 8 % déclarés par la majorité.

Afin de limiter les réclamations à ses employés, la direction des 10 Saint-Hubert de Québec a embauché un expert pour convaincre le ministère de ramener à 10,8 % les pourboires imposables.

Si cette différence de 0,7 % peut sembler faible, elle est importante pour les employés, qui ont ainsi vu les montants réclamés par Revenu Québec amputés du cinquième.

L'opération du fisc semble avoir eu un effet incitatif chez les serveurs. «Les pourboires déclarés ont augmenté», confirme Pierre Martin, propriétaire des 10 restaurants Saint-Hubert de la région.

À chaque période de paie, les employés à pourboires doivent fournir à leur employeur les montants perçus pour qu'ils soient inscrits à leur dossier.

En déclarant le minimum de 8 %, un serveur recevant pour son service 15 % (la norme au Québec) peut ainsi soustraire la moitié de ces entrées d'argent de sa déclaration d'impôt.

Les pourboires sont considérés comme une partie importante des revenus de cette catégorie d'employés. Leur salaire minimum est d'ailleurs inférieur à celui des autres travailleurs, soit 7,25 $ - il passera à 7,75 $ en mai.

À Revenu Québec, on s'est fait avare de commentaires sur cette opération, ne souhaitant pas montrer du doigt les entreprises ou les travailleurs.

Il a ainsi été impossible de confirmer quelles autres chaînes ont été visées par cette opération.