Les marchés boursiers connaissent toujours des hauts et des bas. Mais quand l'Oracle d'Omaha lui-même n'est plus capable de tirer son épingle du jeu, c'est signe que l'heure est grave.

Les marchés boursiers connaissent toujours des hauts et des bas. Mais quand l'Oracle d'Omaha lui-même n'est plus capable de tirer son épingle du jeu, c'est signe que l'heure est grave.

Durant la première moitié de 2008, le titre de Berkshire Hathaway - la société d'investissement de Warren Buffett, surnommé l'Oracle d'Omaha - a perdu 15,2%. Il s'agit de sa pire performance au cours des six premiers mois de l'année depuis 1990.

Malgré de tels résultats, l'investisseur le plus célèbre au monde, qui fêtera ses 78 ans à la fin du mois d'août, n'a rien perdu de son génie boursier. La preuve: l'Oracle d'Omaha avait lui-même prédit la chute de ses profits en 2008. «La fête est terminée», écrivait-il dans sa traditionnelle lettre aux actionnaires en février dernier.

À sa décharge, Warren Buffett n'est pas le seul investisseur à connaître des moments difficiles en Bourse. Au cours de la première moitié de l'année, les trois principaux indices boursiers américains ont tous plongé - le S&P 500 de 12,5%, le Dow Jones de 14,2% et le NASDAQ de 13,1%.

«Le recul est assez généralisé, et ce sont des baisses importantes, dit Pierre Lapointe, stratège adjoint à la Financière Banque Nationale. Il n'y a pas beaucoup de secteurs en hausse aux États-Unis.»

Après une première moitié d'année aussi difficile, les analystes sont optimistes à l'égard du marché boursier américain. La Financière Banque Nationale et Scotia Capital prévoient un rendement de 7,1% d'ici la fin de l'année, alors que Valeurs mobilières Desjardins envisage un gain de 23,3%.

«Avec le pétrole qui va fléchir, les investisseurs vont vouloir redistribuer leurs billes, dit Luc Girard directeur du groupe de conseils en portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. Les investisseurs vont commencer à regarder du côté du marché américain, qui est très diversifié.»

La Financière Banque Nationale ajoute toutefois un bémol sur les perspectives encourageantes du marché boursier américain. «Le marché américain a réussi à intégrer une partie de l'impact négatif de la récession, mais les financières continuent d'aller mal, dit Pierre Lapointe. Or, il n'y a jamais eu de reprise sur les marchés boursiers sans l'apport des banques américaines.»

Les analystes boursiers sont plus prudents dans leurs prédictions au Canada. Soutenu par la hausse du prix du pétrole, l'indice de la Bourse de Toronto a gagné 4,6% durant la première moitié de l'année. Le TSX est l'un des seuls indices boursiers à avoir généré un rendement positif durant cette période malgré la crise du crédit et les menaces de récession.

«Partout ailleurs, à Londres, à Tokyo, en Allemagne ou ailleurs en Europe, les Bourses ont baissé d'au moins 10%, dit Luc Girard, de Valeurs mobilières Desjardins. Le Canada est l'un des seuls pays à ne pas avoir des rendements négatifs en Bourse cette année.»

Les analystes ne s'entendent pas sur la performance boursière du TSX d'ici la fin de l'année: Valeurs mobilières Desjardins et la Financière Banque Nationale envisagent une baisse inférieure à 1%, tandis que Scotia Capital prévoit plutôt une hausse de 4%.

Ils sont toutefois d'accord sur un point: le rendement du TSX dépendra du cours de l'or noir. «Heureusement ou malheureusement, le TSX est lié à un seul facteur: le prix du pétrole, dit Vincent Delisle, stratège boursier chez Scotia Capital. Et ce n'est plus tant le prix du pétrole que sa qualité de refuge auprès des investisseurs. En fait, le TSX devrait aller aussi loin que la baisse du dollar américain, qui fait monter le prix des matières premières.»

Sur l'ensemble de l'année 2008, la Financière Banque Nationale et Scotia Capital prévoient que l'indice de la Bourse de Toronto damera le pion aux indices boursiers américains pour une septième année consécutive. Les investisseurs canadiens devraient se réjouir d'une telle séquence - d'autant plus qu'elle ne sera pas éternelle, selon la Financière Banque Nationale. «Nous croyons que ça achève», dit Pierre Lapointe.

Hier, le TSX a justement montré des signes d'essoufflement en perdant 3% de sa valeur, sa pire baisse journalière depuis trois mois. Les marchés américains ont aussi connu une mauvaise journée, terminant tous en baisse - le Dow Jones de 1,5%, le S&P 500 de 1,8% et le NASDAQ de 2,3%.