Même atteinte par la crise financière, la Chine demeure un marché alléchant pour l'industrie de l'aéronautique.

Même atteinte par la crise financière, la Chine demeure un marché alléchant pour l'industrie de l'aéronautique.

Dans des prévisions rendues publiques la semaine dernière, Boeing a dit s'attendre à ce que la flotte chinoise ait triplé dans 20 ans.

«La Chine continuera à être le marché qui connaîtra la plus forte croissance dans le monde dans le secteur de l'aéronautique, a fait savoir le vice-président au marketing de Boeing Avions commerciaux, Randy Tinseth, par communiqué. La demande chinoise représentera 41% de la demande en avions pour l'ensemble de la région Asie-Pacifique. Cela fera de la Chine le plus grand marché pour des avions commerciaux après les États-Unis.»

Importance des livraisons

Le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, a soutenu de son côté que 15% des livraisons mondiales d'appareils de 20 à 149 places se feront en Chine au cours des 20 prochaines années. «Cela représente environ 2000 appareils, a-t-il souligné. C'est un marché très important pour nous. La Chine est toujours dans la ligne de mire de Bombardier Aéronautique.»

Bombardier participera cette semaine au China Airshow, un salon aéronautique qui se déroulera à Zhuhai, dans la province du Guangdong. L'avionneur exposera à cette occasion deux biréacteurs d'affaires, le Challenger 605 et le Global Express, et un biréacteur régional, le CRJ900.

Les analystes s'attendent à ce que Bombardier annonce d'ici quelques mois une importante commande chinoise pour la CSeries, sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places.

Les clients intéressés

Jusqu'ici, seule Lufthansa s'est avancée et a signé une lettre d'intérêt pour 30 appareils. Qatar Airways et ILFC (International Lease Finance Corporation) s'étaient montrés intéressés, mais il faudra oublier ILFC pour un petit moment: la firme de location d'avions appartient au géant financier AIG, qui s'est retrouvé au coeur de la crise du crédit il y a quelques semaines.

À moins d'une surprise, la fameuse commande chinoises qu'attendent les analystes ne devrait pas se matérialiser au China Air Show: les dirigeants de Bombardier, comme le grand patron de l'entreprise, Pierre Beaudoin, et le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, ne se déplaceront pas pour l'occasion, ce qui constitue un indice assez révélateur.

La Chine demeure cependant un marché de choix pour la CSeries: Bombardier a conclu une entente avec AVIC I (China Aviation Industry Corporation I) pour faire fabriquer en Chine le fuselage central de la nouvelle famille d'appareils. Bombardier s'est également engagée à collaborer avec AVIC I pour le développement et la mise en marché de son biréacteur régional ARJ21.

L'industrie aéronautique chinoise connaît toutefois une restructuration majeure ces jours-ci. En 1999, le gouvernement chinois avait séparé AVIC I et sa société soeur AVIC II dans l'espoir de faire jouer la concurrence et d'augmenter leur productivité. Les autorités chinoises ont réalisé que ce plan avait plutôt entraîné la division des ressources et des dédoublements de projets. Au printemps dernier, Pékin a entrepris de fusionner les deux sociétés, ce qui a créé un conglomérat de 420 000 employés et d'une centaines de filiales.

Le gouvernement chinois a également décidé de regrouper dans une autre entreprise nouvellement créée, COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China), des filiales d'AVIC I et AVIC II qui font affaire dans le domaine de l'aviation commerciale. On retrouve parmi celles-ci Shenyang Aircraft Corporation (SAC), qui sera chargée de construire le fuselage de la CSeries et qui construit déjà les portes et le fuselage du turbopropulseur Q400.

Nouvel avion

COMAC sera notamment chargée de mettre au point un nouvel avion commercial de 150 places qui viendra concurrencer les populaires appareils Boeing 737 et Airbus A320.

Marc Duchesne a affirmé que ces changements ne modifieront pas les liens entre Bombardier et ses partenaires chinois. «Nos liens d'affaires demeurent très solides, a-t-il soutenu. Tout se déroule comme prévu.»

Il a indiqué que les dirigeants de Bombardier avaient déjà rencontré le nouveau président de COMAC, Zhang Qinqwei, à Montréal en septembre dernier.

«Nous travaillons avec les mêmes personnes qu'avant l'annonce de la création de COMAC, a-t-il affirmé. Tous les projets vont bon train.»

M. Duchesne a fait valoir que, contrairement à son éternel concurrent brésilien, Embraer, Bombardier ne contente pas d'ouvrir une simple usine de fabrication en Chine.

«L'entente sur la CSeries permet à SAC de devenir un fournisseur de premier ordre, a-t-il soutenu. C'est un partenariat très riche, tant pour l'industrie chinoise que pour Bombardier.»