Ça ne tourne pas rond du côté de l'emploi avec la disparition de 71 000 postes en novembre, mais aussi avec les difficultés du secteur manufacturier et de l'Ontario.

Ça ne tourne pas rond du côté de l'emploi avec la disparition de 71 000 postes en novembre, mais aussi avec les difficultés du secteur manufacturier et de l'Ontario.

Les données dévoilées par Statistique Canada ce matin sont bien pires que ce que prévoyaient les analystes consultés par Bloomberg. Ils tablaient sur la perte de 15 000 emplois.

Le taux de chômage a monté de 0,1 point à 6,3% en novembre, alors que l'on prévoyait 6,4%.

Les problèmes s'expliquent surtout avec deux mots qui se connaissent bien: fabrication et Ontario.

Le secteur manufacturier a encaissé un nouveau revers avec la perte de 38 000 emplois pendant le mois. Depuis son sommet en 2002, ce secteur a vu 388 000 emplois postes s'évaporer.

Sans surprise, ces chiffres heurtent l'Ontario, qui affiche un solde négatif de 66 000 emplois en novembre. En 2002, 18,2% du travail ontarien provenait de la fabrication. Maintenant, ce pourcentage se situe à 13%.

Comme les élections se fédérales telles que celles du 14 octobre ne se produisent pas tous les mois, les administrations publiques ont mis fin à 27 000 emplois.

Si l'on regarde la composition de la population, ce sont surtout les hommes de 25 ans et plus (-40 000) et les jeunes de 15 à 24 ans (-19 000) qui paient le prix des pertes d'emplois en novembre.

D'ailleurs, depuis le début de l'année, les femmes de 25 ans et plus ont gagné 99 000 postes tandis que les hommes de même âge ont connu un gain de 49 000.

Stabilité au Québec

Le Québec fait plutôt bonne figure avec l'emploi inchangé. La progression du travail à temps plein (+42 000) contrebalance le recul du travail à temps partiel (-40 000).

Le taux de chômage a reculé de 0,1 point pour atteindre 7,1%. C'est le même qu'en Ontario, pour une première fois en 30 ans. Traditionnellement, cette province a un taux plus bas qu'au Québec.

Pour les onze premiers mois de 2008, l'emploi a progressé de 0,8% à 133 000 postes, comparativement à 2,2% et 361 000 postes pour la même période en 2007.

Ça ne fait que commencer

Selon Sébastien Lavoie, économiste de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, la perte de 71 000 emplois est «une perte immense et d'une mauvaise nouvelle à l'aube des fêtes pour le moral des ménages et celui des commerçants.»

Sans vouloir être alarmiste, l'économiste voit des jours sombres arriver.

«Resserrement du crédit, récession en cours, perspectives des ventes pour 2009 peu encourageantes, il est facile de voir pourquoi de plus en plus d'entreprises canadiennes semblent réduire leur production et par le fait même, leurs effectifs. Cette détérioration du marché du travail commence à peine», dit M. Lavoie.

«Selon nous, ajoute-t-il, la Banque du Canada devra mettre les bouchées doubles. Une baisse du taux directeur de 2,25% à 1,75% la semaine prochaine sera suivie d'une réduction additionnelle de 75 points de base au premier trimestre de 2009.»