Halloween a beau être à la fin du mois seulement, les marchés financiers commencent à faire peur au monde ordinaire, aux futurs retraités en particulier.

Halloween a beau être à la fin du mois seulement, les marchés financiers commencent à faire peur au monde ordinaire, aux futurs retraités en particulier.

Quelle que soit la nature de votre régime de retraite, il est mal en point après la déconfiture boursière du troisième trimestre.

De juillet à septembre, seuls les bons du Trésor ont généré de la valeur. Leur maigre contribution de 0,8% est largement insuffisante pour compenser les pertes subies dans tous les autres grands véhicules de placement.

Les actions canadiennes ont connu leur pire trimestre depuis la crise asiatique de l'été 1998. Les actions américaines, tout comme celles du reste du monde, ont aggravé leurs pertes subies au cours des six premiers mois de l'année.

Enfin, les rendements obligataires ont effacé au troisième trimestre le tiers des gains obtenus de janvier à juin. (Voir tableau)

À moins d'un redressement impromptu cet automne, on se dirige vers la pire année de rendement depuis 1987, année du krach boursier.

Les taux obligataires à long terme, qui servent à mesurer la solvabilité des régimes de retraite qui garantissent la rente des retraités, n'augmentent pas depuis le début de l'année. Cela signifie que la valeur du passif d'un régime, qui correspond à ses engagements présents et futurs, reste très élevée au moment où celle de l'actif fond.

Bref, la solvabilité des caisses de retraite se détériore depuis le début de l'année.

Les employeurs contraints par la loi de déposer une évaluation actuarielle ce 31 décembre doivent s'attendre à verser pendant cinq ans des cotisations supplémentaires pour rétablir la pleine solvabilité du régime dont ils sont les promoteurs.

Les autres, qui ne sont pas tenus de le faire avant un ou deux ans, auront entre-temps des sueurs froides.

Ils pourront quand même croiser les doigts. D'ici au 31 décembre 2009, ou 2010, la situation a de bonnes chances de s'être rétablie, en partie du moins. «Le rebond boursier devance de six mois la reprise des profits ou de l'économie», rappelle Pierre Lapointe, stratège adjoint à la Financière Banque Nationale.

Des dégâts imposants

L'étendue des dégâts dépendra beaucoup de la répartition des placements.

Prenons deux cas types. Si on se fie aux rendements des grands indices, une caisse de retraite investie à 40% en revenus fixes comme des obligations et à 60% en actions obtient jusqu'ici cette année un rendement de -8,8%. Si la proportion est plutôt de 55/45, la perte est contenue à 5,7%.

«En fait, dans les deux cas, la perte est bien plus élevée, fait remarquer Jean Bergeron, directeur, gestion d'actif chez Morneau Sobeco. Il faut ajouter le coût du service courant qui est aux environs de 6,5%.»

Le service courant représente ce qu'un régime doit verser bon an mal an à ses retraités ainsi que ses frais de gestion de portefeuille, de fiducie, d'actuaires et d'assurances.

Les employeurs, déjà aux prises avec des problèmes de solvabilité depuis les mauvais rendements de 2003, seront encore plus tentés de transformer leur régime à prestations déterminées (PD) en cotisations déterminées (CD). Ce faisant, ils n'auront plus à éponger les déficits de solvabilité, car ils transfèrent ce risque au participant.

Le futur retraité d'un régime CD accumule de l'argent dans un compte qui s'apparente à un REER. Plus il s'approche de la retraite et plus la déconfiture présente ampute son capital et ses perspectives d'un âge d'or doré. (À moins qu'il ait tout placé en certificats de dépôts, ce qui est toujours déconseillé par les gestionnaires de placements.)

Les participants à un régime PD seront donc très réticents à ce que leur employeur le convertisse en CD. Des tensions dans les relations de travail sont à craindre.

Le rallye du père Noël

D'ici la fin de l'année, les marchés boursiers pourraient profiter du «rallye du père Noël», avance Pierre Lapointe. «Présentement, les investisseurs vendent les titres perdants pour avoir des pertes fiscales. Pendant le rallye, on rachète les grands perdants, explique-t-il. En janvier, c'est souvent un bon mois, car les gestionnaires ont beaucoup de rentrées de fonds avec le début de la saison des REER.»

Quatre conditions à ses yeux devront cependant être satisfaites avant une remontée durable des marchés boursiers.

1) Le prix des maisons devra se stabiliser aux États-Unis.

2) Les financières devront arrêter de déclarer des pertes.

3) Le prix du pétrole doit encore se corriger.

4) Les analystes doivent réduire leurs attentes de profits pour l'an prochain afin de limiter les déceptions.

RENDEMENTS INDICIELS DES VÉHICULES DE PLACEMENTDEPUIS JUILLET 2008 // DEPUIS JANVIER 2008

Obligations canadiennes (Indice DEX Univers) -0,4% 1,8%

Bons du Trésor (91 jours) 0,8% 2,6%

Actions américaines en dollars canadiens (S&P 500) -8,4% -19,3%

Actions étrangères non américaines( MSCI EAEO ) -16,8% -23,8%

PORTEFEUILLES DE RÉFÉRENCE MORNEAU SOBECO

40 % revenu fixe / 60 % actions -8,9% 8,80%

55% revenus fixes/ 45% en actions -8,0% -6,8%

Sources:TSX Group / PC-Bond, Morneau Sobeco