Surnommé l'Oracle d'Omaha, Warren Buffett est l'homme le plus riche du monde. Il a fait sa fortune - évaluée à 62 milliards de dollars américains, selon Forbes - en grande partie en invertissant à la Bourse.

Surnommé l'Oracle d'Omaha, Warren Buffett est l'homme le plus riche du monde. Il a fait sa fortune - évaluée à 62 milliards de dollars américains, selon Forbes - en grande partie en invertissant à la Bourse.

Pas étonnant que l'assemblée annuelle des actionnaires de son conglomérat, Berkshire Hathaway, ait été surnommée le «Woodstock du capitalisme».

Samedi matin, 31 000 actionnaires sont venus de partout à Omaha, petite ville de 400 000 habitants au Nebraska, afin d'entendre les enseignements de l'Oracle, qui n'a rien perdu de sa fougue malgré ses 77 ans.

Tom Warner a vécu toute sa vie à Omaha. Dans sa jeunesse, il travaillait à l'épicerie de la famille Buffett. Depuis des années, l'homme de 72 ans vit à seulement quelques rues de l'Oracle d'Omaha.

Et pourtant, il a attendu la cinquantaine avant de se convertir à Berkshire Hathaway, l'entreprise qui fait la fierté de la capitale du Nebraska.

À la fin des années 80, il a finalement fait comme à peu près tout le monde à Omaha: il est devenu actionnaire de Berkshire Hathaway. Mais sa conversion a eu lieu dans des circonstances plutôt particulières.

«Une personne avait donné une action de Berkshire à vendre à l'encan au profit de mon église, dit-il. Normalement, ma femme et moi n'aurions pas pu nous permettre d'acheter une action de Berkshire. Mais comme c'était pour l'église, nous l'avons achetée...»

La générosité de Tom Warner a été largement récompensée au fil des ans. Achetée au prix de 2800$ à l'époque, son action de catégorie A de Berkshire Hathaway vaut aujourd'hui 133 800$.

Comme la plupart des actionnaires de Berkshire Hathaway de la région d'Omaha, Tom Warner et sa femme, Jane, ont commencé à assister aux assemblées annuelles de Warren Buffett.

À l'époque, elles avaient lieu dans un petit musée d'Omaha et ressemblaient davantage à une fête de quartier. Rien à voir avec les 31 000 personnes qui se sont entassées samedi dans le Qwest Center, le plus grand amphithéâtre de la ville.

Assis calmement à une table au milieu d'une immense exposition de produits Berkshire Hathaway, Tom Warner aurait aimé saluer l'Oracle d'Omaha comme à l'époque, mais il sait que c'est désormais impossible.

«À l'époque, l'ambiance était très décontractée: on pouvait tous aller parler à Warren et lui demander un autographe», dit-il.

L'homme d'affaires à la retraite n'est pas nostalgique, même s'il est toujours un peu étonné de voir autant de jeunes investisseurs en jeans sur le parquet du Qwest Center. «C'est bien de voir l'ambiance et l'intérêt des gens qui sont à Omaha ce week-end», dit-il poliment.

Au nombre de ces curieux jeunes investisseurs en jeans: John Durant, employé d'une jeune entreprise internet à New York, qui en est à sa première assemblée annuelle de Berkshire Hathaway.

«Je voulais voir ce qu'était le Woodstock du capitalisme, dit-il. Warren est en bonne santé, mais il vieillit et je ne voulais pas attendre trop longtemps.»

Comme la plupart des jeunes investisseurs de Berkshire Hathaway, John Durant a acheté des actions de catégorie B, lancées au début des années 90 à l'intention des petits investisseurs.

«Comme je ne crois pas être un bon stock picker, ce sont les seules actions individuelles que je détiens», dit-il.

Une file dès 7h

Samedi, à 7h du matin, il faisait la file à l'extérieur du Qwest Center avec des milliers d'autres actionnaires.

«Il y a des jeunes, des professionnels, des gens plus âgés, dit John Durant. Tout le monde est vraiment terre à terre, comme Warren. Sa personnalité semble influencer les gens, ici.»

Encore cette année, quelques dizaines de Québécois ont fait le voyage jusqu'au Nebraska. Parmi eux, Daniel Duchesneau, conseiller financier de Brossard qui travaille pour les fonds communs AIC.

C'est son quatrième séjour à Omaha, mais celui-ci revêt un caractère particulier. Pour la première fois, Daniel Duchesneau est accompagné de sa fille Julie, étudiante en administration à l'Université Concordia.

«J'entends parler de Warren Buffett depuis que j'ai 7 ans, dit-elle. À cet âge, je connaissais déjà la loi de l'offre et de la demande. Pour moi, c'est un rêve d'accompagner mon père à Omaha.»

Julie Duchesneau n'est pas le seul membre de la famille à vouloir rencontrer Warren Buffet: ses deux jeunes soeurs aussi entendent parler de l'Oracle d'Omaha depuis leur tendre enfance.

Si bien que, pour les Duchesneau, l'assemblée annuelle de Berkshire pourrait bien devenir un périple familial annuel.