Alors que les marchés financiers perdaient désespérément de l'altitude en début de semaine, des milliers de personnes ont déambulé tranquillement sur le tarmac de l'aéroport d'entreprises d'Orlando, transformé en salle d'exposition en plein air, à la recherche de l'avion d'affaires parfait.

Alors que les marchés financiers perdaient désespérément de l'altitude en début de semaine, des milliers de personnes ont déambulé tranquillement sur le tarmac de l'aéroport d'entreprises d'Orlando, transformé en salle d'exposition en plein air, à la recherche de l'avion d'affaires parfait.

À quelques kilomètres de là, d'autres visiteurs ont arpenté les allées climatisées du vaste centre de conférence climatisé d'Orange County, dans l'espoir de dénicher le cuir le plus luxueux pour les fauteuils de cet appareil idéal ou le plus joli uniforme pour ses pilotes. Les manufacturiers, eux, ont examiné les plus récentes innovations en matière d'avionique ou de moteurs.

Pour rendre leurs stands plus attrayants, les exposants ont offert de petits cadeaux, des casquettes, des animaux en peluche, alors que d'autres ont fait tirer de gros joujoux: un système de cinéma maison, une Harley-Davidson ou, dans le cas de Bombardier, une motomarine Seadoo de BRP.

Au premier coup d'oeil, le 61e congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA) semble s'être déroulé comme les congrès des dernières années, alors que l'aviation d'affaires connaissait une expansion sans précédent. Il y a eu presque autant de visiteurs que l'année dernière, soit 30 164 en milieu de semaine, comparativement à 31 343 en 2007. Mais cette année, il ne fallait pas gratter bien profondément pour constater qu'une grande inquiétude avait saisi l'industrie.

«Je suis très inquiet au sujet de tous les marchés, en commençant par celui les États-Unis, a confié le président de Cessna, Jack Pelton. On a adopté un projet de loi de 700 milliards US pour ramener la confiance, mais cette confiance, je ne la vois toujours pas.»

Aucun des quatre présidents de grandes sociétés aéronautiques rencontrés par La Presse Affaires cette semaine à Orlando n'a voulu faire de prédictions sur les effets à court terme de la crise financière.

«Ce serait essayer de jouer aux devinettes», a lancé Frederico Fleury Curado, président d'Embraer, alors que le président de Gulfstream, Joe Lombardo, a affirmé qu'il était tout simplement trop tôt pour conclure quoi que ce soit.

Interrogé à ce sujet par des analystes financiers, le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, leur a renvoyé la question. "Si vous avez une meilleure idée de ce qui s'en vient, dites-le-nous", a-t-il lancé en riant à son auditoire.

Les présidents s'entendent sur quelques autres points: jusqu'à maintenant, ils n'ont pas constaté un taux anormal d'annulations de commandes, ils pensent traverser la crise sans perdre trop de plumes et à long terme, cette crise n'aura pas d'effet sur les perspectives encourageantes de l'aviation d'affaires. «Nous ne changeons pas notre stratégie», a affirmé M. Curado.

Certains manufacturiers constatent tout de même un resserrement du crédit, ce qui complique le financement des appareils. «C'est le seul impact jusqu'ici, a déclaré Jack Pelton, de Cessna. C'est la plus grande préoccupation.»

«Le financement est plus difficile, mais ça n'empêche rien», a toutefois assuré M. Curado, d'Embraer.

Comparativement à la période qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, les manufacturiers d'avions d'affaires peuvent maintenant compter sur des carnets de commandes qui couvrent deux, trois ou même quatre années de production. Suffisamment pour passer à travers une petite crise.

Un autre élément a changé depuis le début des années 2000: les manufacturiers tirent maintenant de 50 à 75% de leurs revenus de l'extérieur des États-Unis, alors qu'à l'époque, le marché américain dominait.

Cela protège donc un peu les manufacturiers contre le ralentissement économique aux États-Unis. Le problème, c'est que la crise financière actuelle semble vouloir s'étendre sur la scène internationale. Et la Russie, qui constitue un des plus importants marchés émergents de l'aviation d'affaires, vient de connaître sa propre débandade financière.

«Nous sommes encore très confiants au sujet de la Russie, a soutenu Joe Lombardo, de Gulfstream. Ils sont orientés sur le long terme. C'est un peu l'état d'esprit qu'on retrouve dans l'industrie.»