Perturbés par la grave crise financière aux États-Unis, des résidants américains multiplient les ouvertures de comptes bancaires au Canada.

Perturbés par la grave crise financière aux États-Unis, des résidants américains multiplient les ouvertures de comptes bancaires au Canada.

«C'est une nouvelle tendance, de plus en plus observée depuis quelques mois et qui s'accentue encore», confirme à La Presse Affaires Alain Forget, vice-président de la stratégie et du développement des services bancaires transfrontières de la RBC Bank (USA), filiale du Groupe financier RBC (Banque Royale).

«Des Américains se tournent vers nous», renchérit Rosaline Cyr, présidente et chef de la direction de Natbank, filiale de la Banque Nationale implantée en Floride depuis 1994. «De nouveaux dépôts commencent à entrer chez Natbank depuis un mois, parce que des épargnants américains veulent les diversifier dans plusieurs institutions financières.»

Plusieurs directeurs des 440 succursales de la RBC Bank (USA) ont observé le nouveau phénomène et les données sur les nouveaux comptes bancaires sont aussi éloquentes, selon Alain Forget. Des collègues de la direction de la Banque Royale, à Toronto, ont ainsi précisé à Alain Forget, vendredi dernier, que «90% des comptes bancaires étrangers ouverts en ligne par des non-Canadiens l'ont été par des Américains».

Le vice-président de la RBC Bank constate que des citoyens américains décident que c'est le moment de diversifier leurs portefeuilles, investir dans des bons du Trésor du Canada, acheter des dollars canadiens.

Il y a une hausse des ventes de bons du Trésor canadiens depuis quelques jours, mais Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, n'y voit pas, par contre, un important mouvement de capitaux américains.

Depuis la quasi-parité du dollar, les ouvertures de comptes au Canada par des Américains ont même diminué, estime de son côté une porte-parole de la Banque de Montréal.

La diversification géographique des dépôts et les achats de devises canadiennes par des Américains s'expliquent en partie par leur perte de confiance dans leur marché financier, selon Alain Forget.

«Ces voisins réalisent que le Canada a une belle stabilité à offrir, dit-il. Dans plusieurs États américains, les citoyens découvrent que le Canada représente un paradis financier sûr, avec des institutions comme l'assurance dépôt.»

Les échecs des Merrill Lynch et Lehman Brothers «ont créé de l'insécurité. Les Américains deviennent plus conscients de la nécessité de sécuriser leurs dépôts. Ils posent beaucoup de questions sur l'assurance-dépôts et sont à la recherche de la stabilité», ajoute Rosaline Cyr, de la Natbank.

Selon Alain Forget, les épargnants américains peuvent «compter sur la Banque Royale, le plus grand groupe financier au Canada. De plus, c'est facile pour eux d'ouvrir un compte à distance, sans faire trois heures d'avion».