Chantale et son mari, Michael, de Terrebonne, n'auraient jamais cru que l'achat d'une propriété pouvait leur causer autant de soucis financiers.

Chantale et son mari, Michael, de Terrebonne, n'auraient jamais cru que l'achat d'une propriété pouvait leur causer autant de soucis financiers.

Il y a trois ans, lorsqu'ils ont décidé de revenir au Québec après un exil de quelques années en Ontario, ils pensaient bien que l'acquisition d'une maison neuve au coût de 252 000$ était la meilleure solution pour élever leur fille de 8 ans.

Avec les liquidités issues de la vente de leur propriété ontarienne, ils se disaient qu'ils pourraient faire la mise de fonds, tandis que les bas taux d'intérêt leur permettraient de s'acquitter facilement de leurs paiements hypothécaires.

Mais ils n'avaient pas prévu toutes les dépenses connexes: l'achat d'une remise, la réparation des gouttières, l'aménagement paysager, etc.

Si bien qu'ils se sont lourdement endettés. D'autant plus, Chantale l'admet d'emblée, qu'ils sont plutôt dépensiers. À un point tel qu'ils doivent aujourd'hui près de 60 000$, dont les trois quarts empruntés par carte de crédit, à des taux d'intérêt monstrueux.

Pire encore: ce couple dans la jeune quarantaine n'a presque aucune épargne et dispose d'une caisse de retraite minuscule.

«J'ai honte», dit Chantale, qui avoue que cette situation nuit grandement à sa vie de couple.

Ils veulent un plan

Ce qu'elle voudrait, c'est un plan qui leur permettrait, à elle et à son mari, de rééquilibrer leur situation financière. Elle voudrait commencer à mettre de l'argent de côté pour leurs vieux jours et pour envoyer leur fille dans une école secondaire privée.

Mais comment faire lorsqu'on doit plus 300 000$ (en comptant l'hypothèque) et que l'on doit piger dans sa marge de crédit pour payer l'épicerie?

Comme analyste en assurance, Chantale gagne annuellement 42 000$. Michael est travailleur autonome: il touche entre 50 000$ et 60 000$ bruts par an. Le couple loge un parent, ce qui lui procure un revenu de 400$ par mois.

Chantale possède une caisse de retraite de son ex-employeur qui vaudrait 19 000$ si elle était convertie en compte de retraite immobilisé (CRI). Elle bénéficie aussi de son employeur actuel d'un régime de retraite à cotisations déterminées qui vaut environ 20 000$. À part cela, rien. Ni REER, ni régime d'épargne études, ni à elle ni à son mari.

Seule consolation, leur maison vaut aujourd'hui environ 350 000$. Elle est bien sûr grevée d'une hypothèque de 231 000$, que le couple rembourse à raison de 419$ par semaine.

Gaétan Veillette, administrateur agréé et planificateur financier, a analysé les finances du couple. Son constat n'a rien de rassurant. S'ils continuent à ce rythme, Chantale et Michael devront continuer à vivre de paie en paie et piger dans leur marge de crédit pour boucler leurs fins de mois.

En fait, selon les calculs du planificateur, s'ils ne font rien, leur dette aura augmenté de 46 000$ dans cinq ans. «Et ils n'auront toujours rien dans leur REER», dit M. Veillette.

Consolider les dettes

Gaétan Veillette leur propose en premier lieu d'établir un plan budgétaire familial et de le suivre rigoureusement. Surtout, dit-il, ils doivent éviter à tout prix les dépenses superflues.

Il faudrait aussi que chacun souscrive à une assurance vie, car si l'un d'eux mourait, la situation financière de la famille serait encore plus catastrophique. Michael aurait de plus intérêt à souscrire à une assurance invalidité. Parce qu'il est travailleur autonome, il doit absolument protéger ses revenus pendant les 23 prochaines années (jusqu'à 65 ans).

Mais pour corriger leur situation, Chantale et Michael doivent consolider leurs dettes le plus vite possible. Avec leurs revenus actuels, leur budget est déficitaire; il leur faut donc rééquilibrer leurs liquidités.

Leurs dettes de consommation s'élèvent présentement à 57 000$ (cartes et marge de crédit).

Nouvel acte hypothécaire

Ce que propose le spécialiste est de remplacer leur acte hypothécaire par un nouveau. Le prêt devrait se limiter à 280 000$, soit 80% de la valeur de la propriété, afin d'éviter l'assurance hypothécaire de la SCHL.

Le couple obtiendrait ainsi 49 000$ (280 000$ moins 231 000$) d'argent frais pour rembourser une partie de ses dettes.

Évidemment, ils pourraient emprunter 57 000$ sur la nouvelle hypothèque, mais ils devraient alors passer par l'assurance de la SCHL. Compte tenu des coûts, Gaétan Veillette estime que le jeu n'en vaut pas chandelle.

En procédant ainsi, le déficit de liquidités serait réglé en 2011.

Mieux, à partir de l'an prochain, leur ratio dépenses-dettes passerait de 50,4% à 36%, de quoi leur permettre de souffler un peu.

Et encore mieux, Chantale pourra commencer à cotiser à son REER dès 2011 et Michael, en 2017. En ne faisant rien, elle ne pourrait le faire qu'en 2019 et lui, en 2022.

Le résultat net est que le REER du couple vaudra 102 000$, en 2020; il n'aurait valu que 27 000$ s'ils n'avaient rien fait.