À peine trois mois après son acquisition par la société américaine Esterline, la montréalaise CMC Électronique a déjà vu l'attitude des clients changer à son égard. Pour le mieux.

À peine trois mois après son acquisition par la société américaine Esterline, la montréalaise CMC Électronique a déjà vu l'attitude des clients changer à son égard. Pour le mieux.

«Alors que nous appartenions à Onex, nous avions des clients qui nous disaient: Nous croyons en vous, vous avez une très bonne équipe d'ingénieurs, vous avez de bons produits, mais nous ne savons pas ce que votre propriétaire va faire avec vous», raconte le président et chef de la direction de CMC Électronique, Jean-Pierre Mortreux, dans une petite salle tranquille du stand de l'entreprise au Salon aéronautique du Bourget.

Ces clients, qui faisaient déjà affaire avec Esterline, sont maintenant mieux disposés à parler de gros contrats.

Esterline est une entreprise de Bellevue, dans l'État de Washington, qui se spécialise en aérospatiale et en défense. En mars dernier, elle a acquis CMC Électronique pour la somme de 335 millions US.

CMC fabrique des produits de haute technologie pour le marché de l'aviation civile et militaire, comme des systèmes de vision améliorée pour les pilotes, des systèmes de gestion de vol ou des organiseurs électroniques de vol (de petits ordinateurs qui remplacent les piles de documents que les pilotes doivent traîner à bord).

Avec ses 1200 employés, l'entreprise de Montréal se spécialise également dans l'intégration des divers systèmes dans les cabines de pilotage, une capacité qu'Esterline, une grosse entreprise qui employait près de 8000 personnes et qui avait un chiffre d'affaires de 972 millions US avant l'acquisition, ne possédait pas.

Or, les manufacturiers d'avions et d'hélicoptères cherchent de plus en plus à confier à des sous-traitants l'intégration de systèmes et de composants.

«Compte tenu de la façon dont nos technologies se complètent, c'est le mariage idéal», affirme le président et chef de la direction d'Esterline, Robert Cremin, assis auprès de M. Mortreux.

Esterline a aussi noté des bénéfices immédiats à l'acquisition de CMC.

«J'ai vu l'attitude des agents d'approvisionnements changer, dit M. Cremin. Ils sont passé de Je sais que vous avez des capacités, mais vous n'êtes pas un intégrateur' à Merveilleux, vous voici'.»

Lorsqu'on demande à M. Cremin quels sont ses plans pour la société CMC à Montréal, il répond en deux mots: «La bâtir.»

Il explique qu'Esterline n'a pas pour habitude de fermer ou de déménager des usines. Elle n'a pas non plus l'habitude d'installer son propre personnel à la tête de ses filiales.

«C'est Jean-Pierre qui doit diriger l'entreprise, la faire croître, établir sa stratégie, déclare-t-il. Nous sommes là pour l'aider. Nous aimons étudier la stratégie, la comprendre, et lorsque quelque chose a du bon sens, nous allons chercher les fonds pour permettre la croissance.«

Relations avec la Chine

M. Mortreux compte tirer avantage des autres sociétés du groupe Esterline. Il donne comme exemple le contrat que CMC vient de décrocher avec Lufthansa pour la fourniture de systèmes de gestion de vol dans le cadre d'un projet de modernisation d'Airbus A300.

Lufthansa a indiqué que toute accélération de l'échéancier de livraison serait grandement appréciée.

«Peut-être pourrions nous accélérer le processus en travaillant avec d'autres divisions d'Esterline», déclare le président de CMC.

Les relations d'Esterline en Chine seront également très utiles à la société montréalaise, qui étudiait la possibilité d'ouvrir son propre bureau dans ce pays. Ce ne sera plus nécessaire, Esterline étant déjà présente depuis une dizaine d'années.

Esterline est notamment une des principaux fournisseurs du biréacteur régional ARJ21 de la société chinoise AVIC I. L'entente que vient de conclure Bombardier avec AVIC I au sujet de la plus grande version de l'ARJ21 pourrait encore faciliter les choses pour CMC.

«Ça ouvre des occasions pour le futur», déclare M. Mortreux.