En quelques années, les délais pour obtenir une audience devant la Régie du logement se sont beaucoup étirés.

En quelques années, les délais pour obtenir une audience devant la Régie du logement se sont beaucoup étirés.

Il n'est pas rare que des locataires patientent pendant plus d'un an avant d'être entendus. Cette situation est devenue insupportable pour les groupes de défense des droits des locataires.

Dans son dernier rapport annuel, la Régie du logement fait état de l'évolution des délais d'attente depuis 1998.

Si les causes urgentes et prioritaires sont entendues dans des délais relativement stables, l'attente dans les causes générales a augmenté de façon vertigineuse: elle est passée d'une moyenne de trois mois à 17,4 mois.

«C'est totalement inacceptable, dit Jennifer Auchinleck, porte-parole du Projet Genèse. Les délais ont complètement explosé.»

Pour corriger la situation, des groupes de défense des droits des locataires ont formé la coalition Justice pour les locataires.

Le regroupement souhaite que la Régie du logement et la ministre responsable des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, se penchent rapidement sur ce problème.

«On exige que les cas urgents, qui touchent la santé ou la sécurité des citoyens, soient entendus dans les 72 heures et que les autres cas soient vus selon le principe du premier arrivé, premier servi», dit Mme Auchinleck.

En conférence de presse, vendredi, des locataires sont venus partager leurs expériences personnelles.

Mme Pilar Espinoza a parlé de l'eau brunâtre qui coulait des robinets de son appartement. Elle a porté plainte en 2003.

Neuf mois plus tard, la Régie l'a convoquée à une audience. Hospitalisée durant cette période, la dame a vu la date d'audience reportée de 31 mois.

Mme Espinoza vit aujourd'hui dans un autre appartement. «La situation est pire, dit-elle. Cela prouve que ce n'était pas un cas isolé.»

L'Association des propriétaires (APQ) croit elle aussi que la Régie doit améliorer les délais d'attente. Les propriétaires se plaignent de leur côté de délais de 1,4 mois pour les dossiers de non-paiement de loyer et de 9,5 mois pour les causes jugées prioritaires.

«Promesses après promesses, cibles après cibles, on se rend compte une autre fois qu'on devra encore attendre pour connaître une amélioration», affirme le président de l'APQ, Martin A. Messier.

Embauches à la Régie

À la Régie du logement, on reconnaît que les délais sont beaucoup plus longs qu'avant.

«Nos régisseurs doivent entendre un plus grand nombre de plaintes pour non-paiement de loyer», dit Jean-Pierre Leblanc, porte-parole de la Régie.

Il assure que la situation devrait s'améliorer au cours des prochains mois.

«Ces chiffres proviennent de notre rapport annuel pour l'année qui se terminait le 31 mars dernier, dit-il. Entre-temps, nous avons embauché huit nouveaux régisseurs, pour un total de 41. On devrait voir une différence dans quelques mois.»

Les huit régisseurs récemment embauchés doivent toutefois en remplacer huit qui partiront à la retraite en 2010.