Les agriculteurs québécois traversent une mauvaise passe. L'année 2005 n'a pas été facile et au rythme où vont les choses, 2006 ne laisse poindre aucun répit.

Les agriculteurs québécois traversent une mauvaise passe. L'année 2005 n'a pas été facile et au rythme où vont les choses, 2006 ne laisse poindre aucun répit.

En levant le voile sur sa deuxième livraison de son Agroindicateur, la Financière agricole du Québec (FADQ) prévoit que le revenu net agricole pourrait dégringoler de 7 % par rapport au niveau observé l'an dernier pour se situer à quelque 600 millions $. Tout cela parce que les conditions économiques agricoles ont pris du plomb dans l'aile et se sont quelque peu détériorées depuis le début de l'année.

"L'endettement des entreprises agricoles, au cours des dernières années, a expliqué le président de la Financière, M. Jacques Brind'Amour, les rend financièrement plus vulnérables aux fluctuations de revenu. Le revenu agricole net illustre les conditions de rentabilité à court terme, lesquelles ont été tributaires de l'incidence de maladie, de l'appréciation du dollar canadien et de l'augmentation des coûts de l'énergie."

PRODUCTIONS TOUCHÉES

Certaines productions agricoles, comme la porcine et la céréalière, ont été plus affectées que d'autres. Après avoir mangé ses chaussettes au lendemain de la crise de la vache folle en 2003, le secteur bovin s'est requinqué. "Mais, précise M. Brind'Amour, il n'a pas encore atteint sa vigueur d'avant la crise."

Comme pour jeter un peu de baume sur ces malheurs, le président de la Financière constate qu'en général, l'agriculture va bien au Québec. "Ce sont les revenus des agriculteurs, dit-il, qui tardent à s'ajuster."

Les spécialistes en veulent pour preuve la construction agricole qui est plus vigoureuse que jamais. On note qu'au cours du premier semestre de cette année, le financement à la construction agricole a atteint 84 millions $, comparativement à 57 millions $ pour la même période l'an dernier. À lui seul, le secteur laitier a enregistré une croissance de 59 % à ce chapitre.

Mais, tout ne tourne pas aussi rond dans d'autres secteurs. En plus de la maladie qui a ravagé le cheptel bovin québécois, les producteurs de porcs ont dû faire face à une appréciation sans précédent du dollar canadien.

Tant M. Brind'Amour que le vice-président finance à la FADQ, M. Normand Johnston, précisent que les revenus tirés de l'exportation de produits agricoles vers les États-Unis ont affecté les revenus. Ils rajoutent que l'appréciation du huard mine aussi les revenus des ventes des productions québécoises tributaires d'un prix de référence nord-américain.

On n'oublie pas qu'au cours de la deuxième moitié de 2005, la mortalité dans le cheptel porcin a engendré une baisse des abattages de porcs. Or, les difficultés rencontrées par le secteur porcin, qui est la deuxième production en importance au Québec, ont affecté l'évolution des revenus agricoles au cours des derniers mois de l'année.

De plus, les producteurs agricoles ont vu leurs dépenses grimper à grande vitesse à cause du gargantuesque appétit du secteur énergétique. "L'énergie, souligne-t-on, a entraîné une majoration des dépenses des producteurs agricoles d'environ 25 % en carburant et combustible entre 2003 et 2005."

Ainsi, cette flambée des prix s'est traduite par des dépenses de 58 millions $ supérieures à celles de 2003. Depuis le début de 2006, elle représente une augmentation de 20 millions $ supplémentaires.

Les programmes gouvernementaux administrés par la Financière ont donc joué un rôle stabilisateur. En 2005-2006, les compensations versées en assurance-stabilisation des revenus agricoles (ASRA) ont atteint 436 millions $. Les indemnités du programme canadien de stabilisation des revenus agricoles (PCSRA) s'élèvent à 294 millions $.

"Pour la Financière, selon M. Brind'Amour, cela se traduit par une baisse de 10 % des prêts autorisés en 2005-2006, pour se situer à 585 millions $."