Les données élevées et imprévues de l'inflation et les surplus plus élevés encore que prévu du budget fédéral ont mis fin à la léthargie qui secouait le dollar canadien depuis un mois.

Les données élevées et imprévues de l'inflation et les surplus plus élevés encore que prévu du budget fédéral ont mis fin à la léthargie qui secouait le dollar canadien depuis un mois.

Notre monnaie a gagné un cent et un quart mardi pour terminer la journée à 86,16 cents US. Il faut remonter au mois de mai pour retrouver un gain quotidien d'une telle amplitude en un jour et au 26 février pour une fin de séance au-dessus des 86 cents US.

«Le dollar canadien n'avait pas beaucoup bougé cet hiver, rappelle Marc-André Lalonde, directeur, marché des changes, à la Banque Laurentienne. Il est un peu normal qu'il rebondisse, mais c'est très rare qu'il bouge autant.»

Beaucoup de spéculateurs ont vendu le dollar canadien à découvert ces dernières semaines en dépit des nombreux signes que l'économie a regagné de l'élan.

Les milliards lancés dans l'économie par le ministre Jim Flaherty lundi la stimuleront encore. Les chiffres surprenants d'inflation les ont pressés à couvrir leurs positions pour limiter leurs pertes.

Cela crée de la demande pour notre monnaie et lui donne de la valeur.

«Seule la livre sterling britannique s'est autant appréciée contre le billet vert hier», note en outre Hughes Lajeunesse, vice-président de BNP Paribas.

Au Royaume-Uni comme au Canada, les chiffres d'inflation ont surpris les observateurs et relancé la spéculation pour un nouveau resserrement du crédit par la Banque d'Angleterre.

Les hausses des taux directeurs par les banques centrales ont pour effet de soutenir leur monnaie.

Chez nous, la poussée mensuelle inusitée de l'inflation a dissipé les attentes que la Banque du Canada abaisse son taux directeur. Il est fixé depuis mai à 4,25 %. Sur le marché des contrats à terme, on évalue désormais à une chance sur trois seulement que la Banque abaisse son taux à l'automne ou à l'hiver.

Aux États-Unis, en revanche, les marchés recommencent à caresser l'idée que la Réserve fédérale puisse se mettre au neutre. Depuis qu'elle a interrompu les hausses de son taux directeur l'été dernier, la Fed répète qu'un autre tour de vis pourrait être nécessaire, si les pressions inflationnistes subsistaient.

Certains observateurs pensent maintenant qu'elle pourrait annoncer bientôt que les risques de ralentissement de l'économie sont plus élevés que les risques de forte poussée des prix.

Mardi, les chiffres de mises en chantier et de permis résidentiels ont confirmé que la crise de l'habitation résidentielle n'est pas en train de se résorber.

Il est peu probable que la Fed change de ton cet après-midi alors que le Comité de politique monétaire reconduira le taux des Fed Funds à 5,25 %.

Le décryptage du communiqué faisant part de sa décision pourrait cependant encore tonifier le huard.

L'Indice des prix à la consommation a bondi de 0,7 %, entre janvier et février au Canada, poussant à 2 % le taux annuel d'inflation. Les experts avaient plutôt tablé sur un bond mensuel de 0,3 %.

Ils ont été tout autant surpris par le bond de l'inflation des prix à la consommation quand en sont exclus ses huit éléments les plus volatils. Cet indice est la mesure préférée de la Banque du Canada pour jauger la progression de l'inflation.

Son rythme annuel est passé de 2,1 % à 2,4 %, soit bien au-delà de sa cible de 2 % et au-dessus de son scénario de référence pour ce début d'année.

Surprise

Le bond mensuel de 0,5 % de l'indice de référence «ne s'était pas vu depuis 2002» notent Stéfane Marion et Éric Dubé, de la financière Banque Nationale.

«Il n'y a pas de doute que la hausse de l'inflation de référence aura surpris la Banque du Canada», juge David Tulk, de Banque TD Groupe financier.

Cette fois-ci, contrairement à d'autres mois, ce n'est pas une histoire albertaine. La progression des prix s'est manifestée d'un océan à l'autre.

Au Québec, le bond mensuel est de 0,7 % portant le rythme annuel d'inflation à 1,7 %.

Le prix de l'essence a été dopé par les interruptions de production d'une raffinerie en Ontario qui ont même causé des pénuries en certaines régions du Québec et de l'Ontario.

Ces difficultés d'approvisionnement se sont poursuivies une bonne partie du mois de mars. Mais les prix se sont aussi remis à la hausse dans les vêtements et surtout dans les destinations-soleil où ils ont bondi de 11,3 %. Il s'agit de la plus forte hausse en trois ans.