Sous fortes pressions des consommateurs et du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, des détaillants promettent maintenant des baisses de prix grâce à la parité du dollar canadien face au dollar américain.

Sous fortes pressions des consommateurs et du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, des détaillants promettent maintenant des baisses de prix grâce à la parité du dollar canadien face au dollar américain.

Des chaînes de magasins affirment même réduire leurs prix depuis des mois, quoique Statistique Canada n'a pas constaté une baisse de l'inflation.

Une chose est certaine: les ventes ralentissent depuis quelques semaines dans des magasins, ce qui pourrait expliquer la hausse des ventes transfrontalières.

Plusieurs détaillants se font tirer l'oreille sur les baisses de prix, invoquant que leurs fournisseurs et importateurs ont le dernier mot en raison de contrats d'approvisionnement signés de nombreux mois à l'avance.

Pourtant, des concurrents refilent les réductions de coûts d'achat aux clients.

Ainsi, une chute de prix record a commencé chez Wal-Mart et va encore s'accentuer d'ici les Fêtes.

Avant la rencontre de chaînes de magasins et d'associations de détaillants avec le ministre Flaherty, mardi, le président et chef de la direction de Wal-Mart Canada, Mario Pilozzi, a décrété l'objectif de 7000 baisses de prix, en moyenne par semaine, d'ici les Fêtes dans ses 293 magasins.

L'année 2007 deviendra ainsi, et de loin, la meilleure pour les réductions de prix chez Wal-Mart. L'an dernier, les baisses de prix ont touché 4000 produits par semaine.

Cette année, la chaîne en est déjà rendu à 5000 réductions, nombre qui doit encore augmenter de 40% d'ici la fin de l'année.

Wal-Mart veut être le leader des prix au Canada, déclare Mario Pilozzi. Le responsable a écrit à ses fournisseurs, dès le 1er août 2006, pour leur demander de faire profiter Wal-Mart et ses clients de leurs marges de profit plus élevées en raison de la hausse soutenue du huard. Il avait prévu le coup de la parité du huard.

Tant que les Canadiens ne seront pas satisfaits, Wal-Mart va maintenir la pression sur ses fournisseurs, assure Mario Pilozzi.

La chaîne met actuellement l'accent sur les produits recherchés par les clients pour les achats des Fêtes, ajoute le porte-parole, Yanik Deschênes, soit les jouets, les produits électroniques et les vêtements.

Déjà de nombreux produits de Wal-Mart sont déjà au même prix qu'aux États-Unis, dit-il. Les réductions touchent plus de 100 rayons dans les magasins.

Depuis la semaine passée, les prix des 50 jouets les plus populaires ont baissé. Le prix de la caméra numérique Fisher Price a ainsi chuté, de 85$ à 60$.

Tous les nouveaux jeux vidéo sont déjà à des prix à parité avec les États-Unis, dit-il. Dans le cas des plus vieux jeux vidéo, le tiers est déjà à des prix à parité, mais 100% atteindront cette cible d'ici les Fêtes, selon lui.

Si les fournisseurs prétendent ne pas pouvoir réduire leurs prix, Wal-Mart exige qu'ils fournissent une bonne raison, souligne Yanik Deschênes.

Dans le cas des contrats négociés depuis six à neuf mois, Wal-Mart doit par contre trouver des solutions créatives, dit-il.

Même Comix, petit détaillant de bandes dessinées du boulevard Décarie, réussit à abaisser ses prix au niveau américain, souligne le copropriétaire, Sylvain Lamy.

Comix reçoit des livraisons chaque semaine. Si le distributeur Novel de la bande dessinée Spider Man continue de suggérer un prix canadien en fonction toujours du vieux taux de change du huard, Sylvain Lamy remplace tout simplement l'étiquette, avec un prix équivalent à l'américain.

Il croit par contre que des concurrents ferment les yeux sur l'erreur de prix et gonflent ainsi leur marge de profit.

De son côté, le géant Rona estime ne pas être touché par cette controverse sur les prix.

La chaîne de quincailleries et de magasins de matériaux achète l'essentiel de ses produits au Canada, explique la porte-parole, Eva Boucher. Seulement 5% des achats de Rona sont payés en dollars américains et il s'agit surtout de produits saisonniers achetés en Asie, six mois à l'avance, dit-elle.

Marie-Claude Frigon, associée des consultants RSM Richter et spécialisée dans le commerce de détail, ne prévoit pas de corrections de prix majeures avant de nombreuses semaines. Des prix baisseront par contre d'ici les Fêtes.

Les détaillants de taille moyenne n'ont pas le pouvoir d'achat des Wal-Mart et Rona, souligne Marie-Claude Frigon, et disposent d'armes plus faibles contre leurs fournisseurs.

Autos: des rabais de 30%

Les amateurs peuvent trouver des rabais de prix de plus de 30% sur leur nouveau véhicule d'occasion chez Auto H. Grégoire.

À cause du huard à parité, H. Grégoire en est rendu à acheter près de 25% de ses véhicules aux États-Unis, explique à La Presse Affaires la directrice du marketing, Michelle Therrien.

Dans le cas des véhicules neufs, les écarts de prix entre les États-Unis et le Canada varient de 5% à 25% en moyenne, selon l'Association pour la protection de l'automobiliste.

C'est au moins autant chez H. Grégoire pour les autos achetées aux États-Unis et ça dépasse même parfois 30%, précise Mme Therrien. Pourtant, à ces coûts américains, H. Grégoire doit ajouter ses frais de transport, mais le détaillant refile toute baisse de coûts à ses clients, assure-t-elle.

À ses cinq succursales actuelles au Québec, H. Grégoire va en ajouter deux au cours des prochains mois, dont une de trois étages, située autoroute Métropolitaine.

Par ailleurs, H. Grégoire est en train d'entrer en Ontario, avec des ouvertures prochaines à Scarborough et London. H. Grégoire compte vendre cette année 15 000 véhicules.

Chez les concessionnaires de véhicules neufs, seul le Groupe Gravel Auto s'est engagé, jusqu'ici, à garantir pour ses GM des paiements mensuels équivalents à ceux annoncés aux États-Unis.

Par contre, d'autres constructeurs tentent de réduire les écarts de prix avec les États-Unis, en particulier Chrysler. Des concessionnaires offrent des rabais en argent ou un jeu de quatre pneus d'hiver.

Des rabais sur les télés

Best Buy Canada a réduit les prix de la moitié de ses téléviseurs, de 100$ à 500$, depuis 30 jours, dans la foulée du huard à parité.

Ron Wilson, vice-président à la mise en marché de la chaîne, déclare par ailleurs qu'il propose déjà la console de jeux PlayStation III de Sony au prix américain de 499$, au lieu de 650$.

Depuis un mois, les prix de 1000 produits ont baissé et d'autres rabais s'en viennent d'ici Noël, assure-t-il.

Dans le cas des films sur DVD par contre, c'est plus difficile de négocier avec les studios américains, reconnaît Ron Wilson. Mais Best Buy les vend à perte, à 19,99$.

D'ici les Fêtes, au moins 1000 produits vont baisser de prix chaque mois. «Ça va vite», dit-il.

Le concurrent Dumoulin Électronique promet de son côté d'importantes baisses de prix, graduelles, à partir du 1er novembre. «J'espère que les clients ne vont pas cesser d'acheter d'ici là», lance le vice-président, François Lefebvre.

Des télés se vendront ainsi moins cher qu'aux États-Unis, dit-il. Mais dans le cas des caméras, les négociations sont plus longues. Pour l'informatique et l'électronique, les rabais ont commencé et ils vont s'accentuer en novembre et décembre, déclare François Lefebvre.

Dumoulin fait des pressions sur ses fournisseurs depuis le début de l'été, mais la chaîne a encore en stock des produits achetés à l'ancien taux de change du huard, dit le vice-président.

Des électros plus abordables

Les détaillants d'appareils électroménagers et de meubles, Brault & Martineau, Sears et Brick, assurent que les prix baissent déjà depuis un bon moment.

Tant à cause des transferts de production en Asie et au Mexique que du huard à parité et de la concurrence, les prix sont à la baisse, affirme le président du conseil et chef de la direction de Brault & Martineau, Guy Des Groseillers.

Les prix des meubles baissent également, parce que les fabricants canadiens sous-traitent une partie de leur production en Asie. «Avec des prix réduits, Brault & Martineau doit par contre vendre plus de meubles pour arriver aux mêmes revenus», déplore Guy Des Groseillers.

«Depuis six mois, Brick sabre ses prix régulièrement», renchérit le président et chef de la direction de l'entreprise, Kim Yost.

La chaîne d'Edmonton renouvelle ses contrats d'approvisionnement tous les mois et paie le tiers de ses électros et meubles en dollars américains, dit-il. Brick refile ses baisses de coûts aux clients.

Sears peut offrir aussi des aubaines dans les gros électros, assure le porte-parole, Vincent Power, mais ce n'est pas toujours facile. Dès qu'elle le peut, la chaîne Sears refile aux clients les baisses de coûts obtenues de ses fournisseurs, dit-il.

Quant aux vêtements, M. Power assure que Sears peut même concurrencer n'importe quel détaillant américain.