Le constructeur automobile japonais Toyota Motor (TM) a subi une deuxième défection de haut rang en un mois, avec le départ chez l'américain Ford (F) du vice-président de la marque de luxe Lexus, Jim Farley.

Le constructeur automobile japonais Toyota Motor [[|ticker sym='TM'|]] a subi une deuxième défection de haut rang en un mois, avec le départ chez l'américain Ford [[|ticker sym='F'|]] du vice-président de la marque de luxe Lexus, Jim Farley.

Ford a annoncé jeudi que M. Farley, un Américain de 45 ans, deviendra en novembre son nouveau directeur du marketing et de la communication.

Toyota souffre ainsi sa deuxième défection fracassante en un peu plus d'un mois. Au début de septembre, l'Américain Jim Press, devenu quelques semaines plus tôt le premier étranger à siéger au conseil d'administration du groupe nippon, avait annoncé son départ chez Chrysler, provoquant la surprise au Japon.

M. Press avait passé 37 ans chez Toyota, dont il dirigeait la filiale américaine. Il était considéré comme un des rares étrangers à comprendre parfaitement la subtile culture d'entreprise du constructeur nippon.

«Il est maintenant temps pour Toyota de devenir une vraie entreprise mondialisée, et pour cela ils ont besoin de dirigeants étrangers capables. Les gens comme Jim Press sont un symbole qui permet à Toyota d'affirmer qu'elle est une entreprise internationale», explique Tatsuya Mizuno, analyste chez Fitch.

«Son remplacement risque d'être un peu difficile. Il existe peu de gens qui soient en même temps très compétents, qui connaissent bien le marché américain et qui soient familiers avec la méthode Toyota», poursuit-il.

Récemment couronné numéro un mondial de l'automobile au détriment de l'américain General Motors [[|ticker sym='GM'|]], Toyota reste un groupe familial géré «à la japonaise». L'emploi à vie, l'avancement à l'ancienneté et les décisions collégiales y sont de règle. Les augmentations de salaires annuelles sont les mêmes pour tout le monde, du PDG à l'ouvrier de la chaîne de montage.

Un tel système est parfaitement acceptable au Japon, où la fidélité à l'entreprise est de mise, et où passer à l'ennemi pour y gagner plus d'argent est un comportement encore relativement rare et mal vu.

Mais en refusant d'offrir à ses dirigeants des rémunérations mirobolantes à l'occidentale, Toyota a parfois du mal à retenir les cadres étrangers compétents qu'il aimerait pourtant attirer davantage.

«Sans offrir beaucoup d'argent, il est difficile de trouver du personnel américain capable. Mais si Toyota accorde un traitement spécial aux Américains, il se retrouvera avec, sur les bras, un sérieux problème d'inégalité de traitement avec le personnel japonais», fait remarquer M. Mizuno.

«Perdre des gens fera certes du tort à Toyota, mais en fin de compte, ce n'est pas un énorme problème», tempère l'analyste, estimant que les deux principales forces du constructeur, à savoir ses technologies de pointe et la qualité de ses voitures, ne seront pas affectées par les défections.

Dans ses premières déclarations, rapportées par un communiqué de Ford, Jim Farley a jeté aux orties sans états d'âme ses 17 ans de carrière chez Toyota.

«Ma relation avec Ford a commencé avec ma première voiture, une Ford Mustang 1966. Je l'avais acheté quand j'avais 15 ans, restaurée et conduit avec elle de Californie jusque dans le Michigan», a confié la nouvelle recrue.

«Ford est l'une des entreprises les plus admirées du monde grâce à sa capacité à développer des produits-cultes adaptés aux clients», s'est-il encore extasié.

Le groupe nippon a annoncé que M. Farley sera remplacé chez Lexus par Jim Lentz, actuel vice-président de Toyota Motor Sales aux États-Unis.

«Le fait que Farley ait été sélectionné (par Ford) montre à quel point notre industrie admire le talent, les connaissance et l'expérience» de Toyota, a commenté M. Lentz dans un communiqué.