À la veille de la saison des sucres au Québec, nous faisons le point aujourd'hui et demain sur cette importante industrie qui est à la croisée des chemins.

À la veille de la saison des sucres au Québec, nous faisons le point aujourd'hui et demain sur cette importante industrie qui est à la croisée des chemins.

Le secteur acéricole québécois vient de traverser une importante période de turbulence. Même si la tempête s'est calmée, l'industrie n'est pas pour autant rendue au bout de sa mutation.

Pour remettre la locomotive sur ses rails, toute la filière acéricole, de la production à la distribution, doit viser un objectif, soit d'offrir un produit de haute qualité.

Une opportune monographie réalisée par Sarah-Sophie Julien et Daniel Richard, agroéconomiste, du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), propose un important changement de mentalité au sein de l'industrie.

En plus, elle balise la voie de la réussite à cette industrie qui s'est retrouvée, plus souvent qu'à son tour, dans le pétrin au cours des dernières années.

LE BON VIEUX TEMPS

Pour les auteurs de l'étude, c'est prioritairement les exigences des consommateurs qui doivent guider l'industrie. Le "bon vieux temps" est chose du passé. "Il est plus difficile, tranche le document de 56 pages, d'imposer son produit tel qu'il était traditionnellement sous prétexte qu'il a toujours été ainsi."

L'un des principaux défis que doivent maîtriser tous les acteurs de la filière acéricole est celui de mieux connaître la demande et même de l'anticiper.

Mais le défi de la qualité n'est pas seul en cause. "L'industrie acéricole, avancent Mme Julien et M. Richard, a un défi à relever avec le vieillissement de la population, la croissance de l'obésité et la diminution de la consommation de sucre dans les pays occidentaux. Il serait sans doute opportun pour l'industrie d'analyser les vertus potentielles du sirop d'érable sur la santé."

Cet important virage pourrait toutefois rapporter des dividendes intéressants aux acériculteurs. Les deux spécialistes croient que la valorisation du sirop d'érable pourrait permettre l'accroissement de la demande, une hausse des revenus, une pression à la baisse sur l'inventaire et voir une reprise ordonnée du développement des érablières au profit des régions.

AUTODISCIPLINE

Mais toujours le même mot d'ordre refait surface. La qualité devient donc un atout majeur de la commercialisation. "Il est important, insistent les deux auteurs, que l'industrie s'autodiscipline et se dote d'outils de certification reconnus afin de démontrer sa volonté de s'assujettir à des normes strictes de qualité."

Pour eux, il ne fait aucun doute qu'il s'agit là de la meilleure façon d'assurer le développement de cette industrie. "Il faut, renchérissent-ils, offrir des produits d'une qualité irréprochable et maintenir, en permanence, les plus hauts standards en se dotant de contrôles rigoureux tout au long du processus, de la production à l'emballage, en passant par la transformation et l'approvisionnement."

Au cours des dernières années, l'industrie acéricole québécoise a été passablement hypothéquée par différentes épreuves de force opposant les producteurs entre eux et aussi producteurs et acheteurs. Bon nombre de divergences de vues se sont retrouvées devant différents tribunaux jusqu'à la Cour suprême.

Les auteurs de l'étude ne cherchent pas à savoir qui a eu tort ou qui a eu raison. Pas de procès d'intention. Ils constatent certains faits. "Les différents acteurs de l'industrie acéricole, écrivent-ils, d'ici et d'ailleurs, de la production à la transformation, devront travailler de concert afin de renforcer les liens d'affaires et travailler au développement de l'industrie."

Leur analyse du dossier les amène à constater que la connaissance des marchés semble morcelée et l'information s'y rattachant ne circule pas adéquatement entre les différents acteurs.