On a beau dire, il n'est pas facile d'établir sa stratégie de placements.

On a beau dire, il n'est pas facile d'établir sa stratégie de placements.

La raison est simple : il y a une foule de facteurs à prendre en considération pour réaliser ses objectifs.

Pour vous aider à vous retrouver, nous avons demandé à Louis Chasles, gestionnaire de portefeuilles à Gestion privée TD Waterhouse, de vous guider dans ce dédale financier.

«La stratégie de placement est basée, en partie, sur l'âge de l'individu, dit-il. Mais c'est beaucoup plus large que le simple horizon d'investissement.»

En effet, pour être efficace, elle doit aussi concilier les objectifs de rendements, la tolérance aux risques, les besoins en revenus et la volonté de prendre des pertes en capital dans le but de réaliser un gain supérieur à long terme.

Ce sont tous ces facteurs, ajoute-t-il, qui permettent de gérer ses actifs sérieusement.

Sinon, il suffirait d'appliquer des principes généraux comme celui qui veut que le pourcentage d'obligations varie en fonction de l'âge. Ainsi, quand on a 40 ans on devrait avoir, grosso modo, 40% d'obligations dans son portefeuille.

«Il ne faut pas appliquer cette règle aveuglément sans connaître les besoins spécifiques de la personne», précise le spécialiste.

Facteur no 1: l'horizon d'investissement

Dans un premier temps, on regarde le nombre d'années avant sa retraite, soit le temps qu'il reste avant de toucher au capital investi.

Ensuite, une fois retraité, on révise la stratégie en fonction du temps qu'il reste à vivre.

Facteur no 2: objectifs de rendements

Il faut faire une différence entre ses objectifs et ses besoins. Il y a un danger à vouloir être trop gourmand et se fixer des buts trop élevés.

Pourquoi viser des rendements de 18% par an quand on a besoin de 8 % pour vivre ?

En visant trop haut inutilement, on prend des risques et on augmente nos chances d'avoir des mauvaises surprises.

Facteur no 3: besoins en revenus

Quand on a besoin de revenus pour vivre, comme c'est le cas des retraités, il faut réduire son niveau de risque.

Est-ce que l'on gère son portefeuille en fonction de la croissance ou des revenus ? Les investisseurs doivent savoir ce qu'ils ont besoin.

Il faut établir un scénario. Si on veut prendre sa retraite dans 20 ans avec des revenus de 60 000$ par an, on va avoir besoin d'un capital de X.

Pour y arriver, il va falloir épargner Y et obtenir un rendement moyen de Z au fil du temps avec une portion d'actions et d'obligations. Dans ces conditions, il faudra assumer un certain niveau de volatilité et de risque pour le portefeuille.

Facteur no 4: tolérance aux risques

Quelle est votre capacité à vivre avec la volatilité du marché et les pertes en capital ?

Pour établir le profil de l'investisseur, il faut connaître son expérience passée.

Si quelqu'un n'a pas goûté à la volatilité, parce qu'il n'a connu qu'un marché haussier, il ne sait pas vraiment ce qu'est le risque. Quand il aura subi des pertes importantes, il sera en mesure de juger de son comportement dans les situations plus difficiles.

Cela dit, Louis Chasles rappelle qu'un portefeuille qui contient uniquement des obligations est beaucoup plus risqué que celui qui possède 15 à 25% d'actions.

«Il ne faut pas oublier que quand les taux d'intérêt augmentent les obligations ne font pas bien parce que leurs prix baissent, explique le gestionnaire. Les actions protègent les investisseurs contre les aléas d'un mauvais marché obligataire.»

Facteur no 5: volonté à prendre des pertes

La notion de perte doit être bien comprise. Certains investisseurs gardent longtemps des titres perdants en espérant qu'ils regagnent leurs mises au lieu de vendre à perte. C'est souvent plus payant de prendre une perte et de réinvestir dans des titres qui vont prendre de la valeur. «Si on ne peut pas vivre avec un portefeuille qui perd 10% en trois mois, il vaut mieux ne peut pas aller en Bourse», dit M. Chasles.

Des stratégies d'investissement selon l'âge

Pour l'exercice, Louis Chasles, gestionnaire de portefeuilles pour Gestion privée TD Waterhouse, propose de diviser les profils d'investisseurs en fonction de trois catégories d'âges :

Les 20 à 39 ans

Ils devraient investir environ 75% en actions et 25% en obligations (qu'on augmente graduellement en fonction de l'âge).

Ces individus ont beaucoup de temps devant eux. Ils peuvent donc se concentrer davantage vers les titres de petites et moyennes capitalisations, de même que vers les actions de croissance, même si elles sont plus volatiles.

Les titres de petites et moyennes capitalisations ont une valeur boursière de moins de 600 millions de dollars. M. Chasles suggère les titres de Rona (RON), Alimentation Couche-Tard (ATD.B) et Groupe Laperrière & Verreault (GLV.A).

Pour leur part, les titres de croissance connaissent des hausses de revenus et de profits supérieurs à ceux de leur industrie. Ses choix : Research In Motion (RIM), Cameco (CCO) et Cognos (CSN).

Les 40 à 59 ans

Le facteur temps entre en ligne de compte parce que ces investisseurs ont moins de temps pour se reprendre s'ils se trompent.

Dans cette catégorie, il faut aller vers des titres versant des dividendes. Parmi ces actions à grandes capitalisations, le spécialiste suggère ceux de la Banque de Montréal (BMO), de la Banque Scotia (BNS), de la Banque Royale (RY), de Power Corporation (POW), de la Financière Manuvie (MFC), du Canadien Pacifique (CP), du Canadien National (CNR) et d'Alcan (AL).

Les titres à dividendes réduisent la volatilité et stabilisent la valeur du portefeuille. Cela dit, les investisseurs doivent aussi garder une partie de leurs portefeuilles dans les titres de croissance pour profiter des occasions du marché boursier.

Depuis quelques années, en raison de la faiblesse des taux d'intérêt, M. Chasles remarque que les investisseurs sont prêts à assumer un peu plus de risques et à vivre avec une volatilité accrue.

«Jusqu'à un certain point, les gens vont augmenter la part des titres de qualité qui payent des dividendes», dit-il.

Pour diversifier le risque, les investisseurs peuvent également se tourner, en partie, vers les marchés internationaux. «Puisqu'il faut une expertise spéciale, il vaut mieux participer aux marchés européens, japonais et émergents par l'entremise des fonds communs, dit-il. Il faut toutefois savoir que la volatilité des monnaies peu avoir un impact sur les rendements.»

Les 60 ans et plus

Ils doivent se concentrer davantage sur les obligations et réduire leur pondération en actions de titre de grande qualité versant des dividendes.

Les personnes plus âgées doivent s'assurer que leur portefeuille génère assez de revenus pour vivre. «L'important, c'est d'avoir des revenus stables, constants et suffisants», rappelle Louis Chasles.

À cet âge, on entre dans une phase où l'on cesse d'accumuler. On fait des dons et des cadeaux aux enfants. Il faut donc garder une partie d'actifs plus liquides pour pouvoir faire face.