Vous ne verrez plus de publicités du Soleil à TVA dans les prochains jours. Visiblement incommodée par le slogan «Le Soleil, le véritable journal de Québec», la direction de TVA à Montréal, une filiale de Quebecor, dont Le Journal de Québec est en lock-out, a décidé de les retirer de ses ondes à Québec depuis lundi.

Vous ne verrez plus de publicités du Soleil à TVA dans les prochains jours. Visiblement incommodée par le slogan «Le Soleil, le véritable journal de Québec», la direction de TVA à Montréal, une filiale de Quebecor, dont Le Journal de Québec est en lock-out, a décidé de les retirer de ses ondes à Québec depuis lundi.

«Corporativement, ça ne passe pas», invoque la porte-parole de TVA, Nicole Tardif. Ça fait un peu drôle d'attaquer le Journal de Québec sur nos ondes. C'est comme si on laissait La Presse dire que c'est le vrai journal de Montréal.»

La direction de TVA aura quand même mis trois jours avant de passer à l'acte. Diffusée depuis vendredi à la télé et à la radio, la campagne de publicité est l'oeuvre de l'agence Cossette et se poursuivra jusqu'à la fin du mois.

«Ce que nous voulions faire valoir, c'est que Le Soleil est fait par des gens d'ici, pour des gens d'ici», explique Martine Delagrave, directrice-conseil des communications marketing.

Le président et éditeur du Soleil, Claude Gagnon, ne pensait jamais que TVA réagirait de cette façon. «On trouve ça malheureux. On ne nous a pas donné de raisons précises, les patrons marchent sur du verre.»

En avisant la direction du quotidien qu'il ne diffuserait plus le message, TVA a offert d'en diffuser un autre, qui ne comportait pas la mention du «véritable journal de Québec».

Cette demande a été refusée puisqu'un seul message a été tourné.

«Vous comprenez qu'on ne peut pas enregistrer des pubs comme ça sur demande», poursuit M. Gagnon, qui croit que la tactique ne fera qu'attirer l'attention de la population sur la campagne publicitaire du Soleil.

Il rappelle que Le Soleil avait utilisé le même slogan en 1995 et que personne n'avait réagi de cette façon.

Florian Sauvageau, professeur de communications à l'Université Laval, y voit bien sûr un problème de convergence. Ce cas lui rappelle celui d'un journal de Chicago qui avait refusé de publier la publicité d'un syndicat dont les employés étaient en grève; le journal et l'entreprise entretenaient des liens étroits.

L'avocat qui avait porté la cause devant les tribunaux avait perdu. «Mais l'affaire avait amené toute une réflexion. Est-ce qu'on doit accorder à la publicité les mêmes droits qu'à l'information?»

«Abus de pouvoir»

Pour Marc-François Bernier, professeur de journalisme et de communications à l'Université d'Ottawa, «ça ressemble à un abus de pouvoir. En faisant cela, c'est comme s'ils privatisaient les ondes publiques».

Même s'il s'agit d'une pratique extrêmement rare, M. Bernier n'est cependant pas étonné par la réaction de TVA.

«Ils veulent encore favoriser leur entreprise», dit-il. Éthiquement, il croit qu'à long terme, ce type de réaction peut nuire à la réputation de l'entreprise, particulièrement chez la jeune génération.